L'inventaire de notre sac

Consigne 1 = faire l'inventaire de tout ce qu'il y a dans votre sac.

Consigne 2 = choisir 4 objets, et faire un texte autour de ces objets. 

Les 4 objets sélectionnés :

-       Carnet bleu et vert à spirale

-       Paquet de cigarettes Winston vide

-       Téléphone portable

-       Clés de voiture

 L’histoire :

Je sais exactement quelle histoire je vais vous raconter à partir de quelques objets que je possède dans mon sac à main.

Comme vous le savez peut-être, depuis un peu plus d’un an, ma vision de la vie a été bouleversée. En Septembre 2015, je me suis portée volontaire comme bénévole dans un centre d’hébergement dans lequel est arrivée une cinquantaine de réfugiés de guerre syriens et irakiens. Au début j’étais volontaire pour servir les repas, mais très vite, au contact de ces personnes, un manque m’est apparu : la communication. Mais comment faire ? Eux parlaient arabe et moi je parlais français.

Lors d’une réunion dont l’objectif était d’organiser au mieux l’aide que chacun pouvait apporter à ces migrants, il a été mis en avant que des cours d’alphabétisation étaient indispensables. Cette proposition me tentait beaucoup mais n’étant pas enseignante, je me suis bien gardée de proposer mon nom. Mais la responsable m’a sollicitée : « Vous avez trois enfants ? Vous leur avez appris à lire et à écrire ? Eh bien, « b » et « a », ça fait toujours « ba » ! » Il n’en fallait pas davantage pour me convaincre. Et dès les semaines suivantes, j’allais au centre d’hébergement tous les matins et je prenais grand plaisir à enseigner à deux charmants jeunes syriens que, non seulement « b » et « a », ça fait « ba », mais que notre langue française est riche de verbes du 3ème groupe, d’un passé composé, d’adjectifs, d’adverbes, de superlatifs, de partitifs, etc.

Au bout de quelques semaines, notre relation « prof – élèves » s’est transformée en « amie –amis ». Je les ai invités chez moi, je leur ai fait découvrir les coutumes françaises, les chansons françaises, la cuisine française, les films français, la Tour Eiffel, les Champs-Elysées et les musées parisiens.

Une réelle amitié s’est peu à peu développée. L’un d’entre eux m’a particulièrement touché par son enthousiasme à vouloir vivre comme les français, par son envie de s’installer en France et notamment en région parisienne, par sa gentillesse et son courage, et enfin par son histoire et celle de sa famille. Et petit à petit, j’ai décidé et convaincu ma famille que ce jeune avait besoin de notre aide et de notre amour.

A partir de cette décision, j’ai cherché les différentes aides financières, administratives et immobilières pour l’aider à s’installer en France. Cela a été, et c’est encore, le parcours du combattant : sa vie est maintenant entre mes mains, elle est surtout dans les pages de ce carnet vert et bleu à spirale, dans lequel j’ai noté, et je note encore, toutes les adresses et téléphones utiles, toutes les démarches faites et à faire. On y trouve quelques mots et expressions arabes que j’essaye de mémoriser, mais aussi les prénoms et âges de toute sa famille parce que nos deux familles se sont progressivement jumelées d’affection. J’y ai même noté des numéros et codes confidentiels le concernant. Si cela vous choque, sachez toutefois qu’il m’a demandé un jour de devenir sa maman française, approuvée par sa vraie maman syrienne. Comment pouvais-je refuser une telle proposition ? En acceptant, je savais que je soulageais le cœur d’une mère restée dans un pays en guerre et éloignée de ses enfants, et mon cœur a dit « oui » sans hésiter, j’ai donc maintenant un fils syrien.

En plus de mon aide, de mon soutien et de mon amour, comme mes propres enfants, il a droit à mes réprimandes… Et ce paquet de cigarettes vide est le symbole de mon combat pour le faire cesser de fumer. Car je suis vigilante sur sa santé – le pauvre souffre d’une vilaine rage de dents ce soir – et sur l’état de ses maigres finances.

Enfin deux autres objets me relient à lui : mon téléphone portable et mes clés de voiture. Le premier parce qu’il doit pouvoir me joindre à n’importe quel moment du jour et de la nuit : n’oubliez pas que je suis sa famille française et quoiqu’il lui arrive, je serai toujours là pour lui, comme je reste présente pour mes trois enfants. Quant aux clés de voiture, vous n’avez pas idée du nombre de kilomètres que nous parcourons lui et moi pour effectuer toutes les démarches, mais aussi pour lui faire visiter Paris, Versailles et d’autres belles régions de France, et même pour l’emmener dans le Nord de l’Allemagne et lui permettre de passer quelques jours de bonheur avec son frère aîné et sa petite sœur, réfugiés là-bas, alors qu’il ne les avait pas revus depuis quatre ans !

Bien sûr d’autres objets de mon sac sont utiles et utilisés dans cette grande et belle aventure humaine mais ceux cités me rattachent symboliquement à cet engagement que j’ai pris vis-à-vis de lui et qui, je pense, durera toute ma vie.

Je dédie ce récit à Mahm et sa maman Malak.

Martine

Inventaire du sac :

porte-mine, stylos bille, portefeuille, clés de maison et de voiture, étui à lunettes, carte de train, téléphone et son câble, petit carnet, chéquier, Doliprane, stick à lèvre, mines graphite, gomme, timbres, mini lampe de poche, coupe-ongle, journal, paquet de Kleenex.

Toujours prêt à servir, quel que soit le sac j’ai une place bien attitrée pour que ma propriétaire puisse me mettre rapidement la main dessus. Je suis, je suis le porte-mine, le blanc, celui qui en ce moment même est mis à contribution à double titre, en tant que personnage principal de cette historiette et outil indispensable à sa réalisation sur un papier de qualité Oxford sur lequel je glisse en fonction de l’inspiration de l’auteure. Je suis donc sorti de la petite poche de devant. J’y suis en principe en compagnie de 3 stylos de couleurs différentes et d’un compère, porte mine de la même famille qui se distingue de moi par son teint grenat et la dureté de sa mine. Ayant perdu à ma tête une petite gomme bien utile pour rectifier nos erreurs, une autre de forme carré au nom de Mappa choisie pour sa qualité m’est systématiquement associée Je pense être l’objet ou plutôt l’instrument privilégié du sac qui ne veut pas dire indispensable tels que les clés de voiture ou de maison, ou encore le permis de conduire, mais le préféré. Je suis très souvent en dehors de ma poche. Quotidiennement au petit déjeuner pour cocher et relever des extraits d’articles du journal et si le temps le permet, ce qui est maintenant plus souvent le cas, pour remplir les grilles de mots croisés et sudoku. Si elle y pense je participe aux pensées et anecdotes du jour qu’on consigne dans un petit carnet noir élastiqué, sinon il faut a posteriori remplir plusieurs jours, et là je doute parfois de sa mémoire et de la réalité des faits. Je suis aussi de tous les voyages relativement fréquents comme en témoigne sa carte SNCF « grand voyageur », à peine assise à sa place en principe elle ouvre un livre, et je ne suis pas loin pour souligner ou annoter dans la marge des phrases ou expressions particulièrement frappantes. Il m’arrive aussi de croquer des visages, pas dans le train, la proximité est trop grande, mais dans un café ou un jardin public. Si le carnet de croquis est absent, un coin de nappe en papier, un bout de journal, un ticket de course font l’affaire. Si l’écriture est une noble activité dans laquelle j’ai pleine conscience de ma position, je crois que c’est dans le dessin et plus précisément dans les cours de modèle vivant que je me sens vivre pleinement emmené de haut en bas, de gauche à droite par des gestes amples et rapides dans des danses effrénées qui durent des heures. Si ce rythme m’exalte, par contre la mine s’épuise et sans elle je ne suis rien, d’où la réserve. Je dois cependant reconnaître que les stylos peuvent prendre le relais, mais généralement pour des actions plus austères et ineffaçables telle que remplir un chèque. C’est essentiellement ce qui justifie le partage de ma poche avec eux. Pour finir encore un mot, vous aurez compris que je ne suis pas un simple crayon qu’il faut tailler régulièrement, je suis un porte-mine dont la légèreté, la ligne ergonomique agréable à la main sont des arguments qui ont fait que j’ai été choisi parmi tant d’autres. Une vedette quoi, qui j’ose le dire au regard de ce que je viens de vous révéler, a su se rendre indispensable au contenu de ce sac au même titre voire à un rang supérieur que celui des clés, portefeuille, téléphone ou autres broutilles.

 

Monique

Il y a des objets que je ne traîne pas toujours dans mon sac, il y a des jours où je ne prends même pas de sac. Cela dépend évidemment de l’endroit où je vais, si j’emprunte les transports en commun ou si je vais, comme ce soir, tout près de chez moi.  Cependant, il y a des objets que je m’efforce de ne jamais oublier : ce sont mes clefs ! Autre chose qui ne me quitte pas : ma carte d’identité dans mon porte monnaie en cuir noir, facile à prendre en main. Dans ce porte-monnaie se trouve ma carte bancaire, un ou deux billets et de la menue monnaie. C’est essentiel pour plusieurs raisons. Je pourrais me faire renverser par une voiture ! Mon identité serait tout de suite connue ou je pourrais être arrêtée pour vagabondage sans papiers et sans argent !  J’exagère un peu car il y a longtemps que cela n’existe plus et je ne crois pas être à ce stade de la maladie d’Alzheimer pour ne pas savoir rentrer chez moi sans l’aide de mes papiers !  mais je suis rassurée de les avoir dans mon sac.

Enfin, un objet que je porte un peu par obligation, c’est mon téléphone. D’accord, c’est pratique d’en avoir un au cas où j’aurais un coup de fil urgent à donner ou si quelqu’un avait besoin de me joindre. J’ai tellement galéré pour trouver une cabine téléphonique en bon état de marche ! Encore fallait-il avoir la monnaie nécessaire ou une carte d’abonnement alors qu’avec le portable annoncer son arrivée imminente au rendez-vous ou prévenir d’un retard est un jeu d’enfant !

Ce portable a plein de possibilités que je n’exploite pas forcément : prise de photos, stockage, réception de courriels, agenda, calendrier, connaissance de l’actualité, contacts avec mes amis sur Facebook, que sais-je encore ? Je ne lui en demande pas tant ! Surtout qu’il est lourd dans mon sac, qu’il se décharge juste au moment où j’en ai le plus besoin. Encore heureux qu’il ne m’explose pas à la figure comme  c’est arrivé pour un modèle approchant !  Je lui préfère de loin  le petit portable qui entrait dans le creux de ma main, tout léger, sans titre ronflant comme smartphone, Iphone ou autre ! Mais c’était simple d’emploi ! Celui-là est prétentieux, il a tellement de succès auprès des jeunes qui l’ont toujours à portée de leur main. Je les vois quand je voyage se précipiter dans le RER en vous bousculant pour être sûrs d’avoir une place assise et, une fois installés ils se mettent à pianoter dessus, tête baissée,  plus rien ni personne n’existe !  Je veux bien m’adapter aux nouvelles technologies mais pas en être l’esclave !

 

                                                                                                 Renée

L’Inventaire : une vue de l’intérieur  

Ma maison est un tout petit sac en cuir noir, pas tout neuf. Je côtoie pas mal d’autres objets divers et variés, mais nous sommes assez à l’étroit et ma maîtresse doit souvent tous nous sortir pour me retrouver quand je sonne. Je suis un vieux téléphone mobile, un vrai « vieux de la vieille », noir avec une ouverture type clapet. Je suis un modèle qui, parfois, peut gêner ma propriétaire lorsqu’elle m’expose devant des jeunes (et moins jeunes) dans un lieu public comme le RER, tous scotchés sur leurs écrans colorés et ultra plats. Autrefois, j’étais à la pointe de la mode…mais depuis quelques années mon genre s’est développé à une vitesse incroyable et nous sommes très vite dépassés par les nouveaux nés. Donc, la jeune femme qui m’a acheté m’a passé à sa mère pour se fournir avec un modèle plus moderne. Il faut dire que sa mère me bichonne, me branchant régulièrement pour me recharger en énergie (maintenant qu’elle pense à m’allumer tous les jours), et je suis transporté dans une mini chaussette douillette vert pomme. J’avoue qu’avant, je prenais des photos, mais je suis devenu feignant et me contente maintenant d’afficher une des dernières (très belle) que j’ai prise, en fond d’écran. Je sais encore faire des SMS (courts) et des appels (simples). De plus, je ne coûte que 2€ par mois, alors je pense que je resterai encore un moment dans ce sac.

Pour compagnon de route, mon préféré c’est le vieux (encore plus que moi) tube de rouge à lèvres, qui s’appelle « Naked Splash » (pas vraiment rouge mais plutôt rosé). Il a complètement oublié ses origines, quelle marque l’a fabriqué, mais je parie qu’il est de la famille Revlon, car il est très classe. Sa présence dans ce sac rassure sa propriétaire, malgré son peu d’utilité. Elle ne le sort que pour les grandes occasions, lui préférant souvent le tube de baume à lèvres. Mais il lui rappelle sa mère, qui ne mettait pour seul maquillage que du vrai rouge à lèvres rouge vif.

Il repose en ce moment sur 4 bâtonnets de carton minces et parfumés, présence exceptionnelle probablement provisoire dans ce sac et souvenir d’une visite récente au Musée du parfum Fragonnard à Paris. La propriétaire du sac s’est inscrite à une visite de groupe en juillet et regrettait un peu sa décision le jour venu, par un temps maussade de novembre. Mais les effluves qui remontent lors de l’ouverture du sac lui rappelleront longtemps cette visite insolite. Les bâtonnets conserveront surement pendant plusieurs mois le pouvoir de répandre ce pot-pourri très original de « Belle chérie », « Diamant », « Etoile », et « Belle de nuit », savant mélange de notes de tête, de cœur, et de base qui dépasse l’imagination par sa complexité.

Martha 

PS : J’aimerais pouvoir dire que ce texte a été écrit avec le plus beau stylo gisant au fond de mon sac, le Swarovski blanc, avec des petits cristaux scintillant sur la partie haute et qui provoquent l’admiration de tous. Hélas non, il fut écrit avec le stylo le plus moche du lot et le plus jetable, un qui faisait partie d’un paquet de 50 stylos publicitaires General Electric reçu il y a une quinzaine d’années. Pourtant, il est bien agréable en main, et j’accorderai certainement au Swarovski une mission épistolaire importante dans un futur proche.