Consigne :

 

Faire un autoportrait ou un portrait en incluant les mots suivants :

 

allure,

démarche,

défaut,

halluciné,

sensible,

mystérieux

J'ai une amie anglaise qui habite à l'année dans le petit village du Sud-Ouest où je passe habituellement mes vacances. Jill vit seule, divorcée, vient de passer le cap des soixante-dix ans. Grande, mince, sportive, c'est encore une femme attirante, sans les défauts habituels à cet âge.

Son visage est régulier, elle a le teint pâle des Anglaises, de beaux yeux bleus mystérieux qu'elle ne maquille jamais. On peut dire qu'elle est distinguée sans ostentation, sa démarche est toujours élégante. Elle a un caractère très agréable et a une façon de s'exprimer très douce.

Je l'ai rarement entendue dire du mal de quelqu'un, je la crois sensible tout en étant forte. Elle n'exprime pas ses sentiments d'une manière très extravertie et se montre discrète. Jill parle le français avec aisance et participe volontiers à la vie du village. Cela fait maintenant quinze ans qu'elle habite en France.

Un jour que nous étions ensemble invités chez elle à un repas d'ailleurs excellent (elle reçoit très bien), elle nous a raconté une expérience qui l'a beaucoup marquée et, à vrai dire, agacée. Terminant ses courses dans un supermarché, elle se dirige vers la caisse et se prépare à prendre la queue. Une jeune fille et sa mère se dirigent en même temps vers la file, et Jill entend la mère dire à sa fille : "Laisse passer l'Anglaise". Stupéfaction de Jill intérieurement : comment savent-elles qu'elle est Anglaise alors qu'elle n'a pas dit un mot ? Mécontente et surprise, elle demande à la mère : "Comment savez-vous que je suis Anglaise ?". La réponse de la dame : "C'est l'allure ...".

Cette chère Jill était persuadée qu'elle se fondait complètement dans une foule locale et pouvait passer pour une Française. Elle avait juste oublié que sa grande taille, son port de tête un peu rigide et altier, une distinction très "british" éliminaient d'emblée une identité ... gauloise !

Tout en nous racontant cette anecdote, elle nous lançait un regard légèrement halluciné

Sabine

Je n’aime pas beaucoup me regarder dans la glace et ce n’est pas seulement depuis que je suis vieille, mais même quand j’étais plus jeune. Je me fais une représentation de moi-même dans ma tête qui n’est pas très indulgente et pourtant je devrais l’être sur mon allure générale car je suis toujours surprise en me promenant dans la rue d’apercevoir ma silhouette dans le reflet d’une vitrine de magasin. Je ne me reconnais pas dans la démarche de cette femme qui me semble plutôt élégante, du moins à l’aise. Je suis hallucinée d’entendre des propos flatteurs à mon égard quand je montre des photos où je figure.  Je me trouve au contraire pleine de défauts et comme je voudrais les camoufler quand je suis dans le champ de l’objectif, le résultat est encore pire ! Pourtant, si je suis si sensible à l’impression que je donne aux autres, pourquoi ce complexe ? Cela vient-il de ma taille qui est petite alors que mon idéal serait d’être grande ? Est-ce parce que j’accorde plus d’importance à la beauté intérieure ? Et ce sourire que j’affiche ostensiblement sur mon visage, n’est-ce pas pour plaire autrement qu’avec de jolis traits ?                    

Renée

Je suis et ai toujours été petite. De tout temps, j'étais la plus petite, en classe, pour mes communions, dans mes différents groupes. Ce qui fait que, selon les circonstances, j'étais la première ou la dernière à défiler, à entrer sur scène, à sortir d'une classe et j'en oublie. Pendant toute mon enfance, cela m'a beaucoup gênée ou vexée, on me croyait toujours plus jeune et l'on me traitait comme telle. Et puis, vers la trentaine, ce complexe s'est évanoui, j'ai accepté ce défaut et me suis même mise à l'aimer, il a de nombreux avantages dont celui de paraître plus jeune, effectivement. Il faut dire qu'étant d'allure générale rondelette, j'avais des joues bien rebondies qui en rajoutait à mon air poupin et enfantin. A cette époque, je voyais parfois des yeux hallucinés lorsque je disais mon âge. Cela n'a pas duré, bien sûr. Certes, le temps n'a pas agi sur ma taille; d'ailleurs, je suis fière de pouvoir dire qu'à mon âge actuel, déjà quelque peu avancé de soixante-sept ans, je n'ai pas perdu le demi-centimètre au-dessus du mètre cinquante atteint à la fin de mon enfance. Cependant, ce temps a creusé des sillons un peu partout sur mon visage, de façon très sensible, me faisant perdre malheureusement mon avantage temporel.

Rien de mystérieux ne se dégage réellement de ma physionomie. J'ai une personnalité assez transparente, déjà de par mon visage jovial avec des yeux bleus, un peu ronds, rieurs, et une bouche toujours prête à rire ou à sourire. Les taches de rousseur qui parsemaient mes joues d'enfant se sont estompées mais j'ai gardé la chevelure rousse de mes gènes bretons.

N'étant pas spécialement mince, mes rondeurs ont quelque peu disparu avec le temps.

Ma démarche est plutôt sportive. Sans doute à cause de ma petite taille, pour me déplacer sur de courtes distances, j'ai tendance à courir plutôt qu'à marcher. Pour cette raison, mes habitudes vestimentaires ne vont jamais vers les tailleurs, si féminins, et les talons hauts, mais toujours vers les pulls chaleureux, les jeans et bottines si agréables à porter.

Je m'aperçois à présent que je finis par me sentir bien dans ma peau. Tout arrive!

 

Marie-Alice

Je ne suis pas sûre d’être la personne la plus adéquate pour me décrire, d’une part je ne suis pas physionomiste et d’autre part je ne sais pas m’auto-évaluer. Essayons et jugez vous-même.

 

Bien que d’allure massive, je suis plutôt dynamique : j’aime que ce que je fais avance vite et bien, d’ailleurs ma voisine ne vient-elle pas de me dire que j’écris vite ? Ce qui ne signifie d’ailleurs pas que j’écris bien…

Comment parler de ma démarche… je ne me suis jamais vue marcher ! De toute façon je déteste marcher, donc je ne marche pas vite, plutôt à petits pas.

Si mon corps n’est pas vraiment l’idéal que je souhaiterais – excepté mes mains et mes pieds que je trouve harmonieux – j’estime que mon visage, malgré quelques défauts, est ce qui me révèle le mieux, il colle à ma personnalité. Mes yeux – verts ou noisette selon la lumière – sont toujours largement ouverts et ourlés de cils longs mais très raides. Ils sont très mobiles, il faut toujours que je regarde partout à la fois, d’ailleurs lorsque j’étais élève, mes enseignants disaient souvent que je « papillonnais ». Ma mère me réprimandait à ce propos, alors que moi, j’imaginais mes deux jolis papillons voletant de fleur en fleur. J’espère toutefois ne pas avoir un aspect trop halluciné.

La forme de mon visage est plutôt allongée. Pour moi cette forme signifie que je suis déterminée mais pas entêtée : je sais ce que je veux mais je reste malléable. Je remarque d’ailleurs que ce trait de caractère est de plus en plus prononcé avec l’âge, les évènements de la vie m’ont rendue moins autoritaire, plus souple dans mes propos et mes décisions.

En revanche je ne sais pas quel aspect de mon visage laisse paraître mes émotions. Car je suis très sensible : une parole malheureuse, une vexation, une jalousie, une contrariété et me voilà en pleurs. Mais rassurez-vous je ne suis pas une fontaine à larmes : une situation comique, un trait d’humour, une ambiance de fête, et me voilà riant aux éclats.

Ma bouche est petite, mes lèvres sont fines et très mobiles : elles traduisent mes joies, mes angoisses, mes peines, mes déceptions, mes colères et mes satisfactions.

Plusieurs personnes disent qu’il existe en moi un côté mystérieux, c’est la partie cachée de ma personnalité, celle que je ne dévoile pas, consciemment ou inconsciemment, parce que je ne souhaite pas qu’on lise en moi comme dans un livre ouvert. Certains traits de mon caractère ne nécessitent pas d’être connus.

 

Enfin je me résumerai ainsi : je suis différente, unique et j’assume. Et si vous regardez la bague que je porte à mon index aujourd’hui, vous y lirez cette devise.

 Martine