Voici nos premiers textes, avec leurs consignes.

 

Les plus anciens sont en bas de page, les plus récents en haut.

 

Bonne lecture !


QUI PRO QUO


En sortant de l'Opéra, un jeune homme rencontre régulièrement les trois personnes qui apparaissent sur les photos. Il tombe amoureux de la jeune fille, et renseigné par un ami, décide de lui déclarer sa flamme par courrier. L'ami en question a cru entendre que la jeune personne s'appelle Louise, et il donne l'adresse du couple - pensant que toute la famille loge au même endroit.

Consigne : Chaque participante écrit la déclaration d'amour à Louise.

L'ami s'est trompé ! Louise est la femme du couple, et la jeune fille, sa filleule ! Ils l'invitent à l'Opéra, mais elle ne vit pas avec eux. La lettre adressée à Louise est lue par celle-ci, ou interceptée par son mari : la réponse ne tarde pas à refléter la situation !

Consigne : Chaque participante répond à la lettre de sa voisine de droite, en tant que Louise ou son mari ! Vous allez pouvoir lire chaque missive d'amour, puis sa réponse :

Chère Mademoiselle,

Si j'avais de l'audace, je vous appellerais "chère Louise" puisque l'un de mes amis connaît votre identité. Je n'ose cependant aller jusque  là. Ne croyez pas que je sois impertinent. Au contraire, j'ai le plus grand respect pour votre personne, et n'ai que le désir de vous plaire, et ne voudrais surtout pas vous offenser.

 

 

Sachez que cela fait plusieurs mois que je vous croise à l'Opéra. En effet, je suis spectateur assidu de ces spectacles qui rassemblent pour moi toutes les qualités : expression des sentiments, beauté des voix, mélodies, costumes, décors. J'ose croire que vous y êtes également sensible. Vous regardant parfois à la dérobée, j'ai pu admirer la sensibilité dont vous faîtes preuve à certains passages, votre vivacité. Tout votre être respire la joie d'être là.

 

 

J'aimerais partager avec vous ces élans.

 

 

Je ne suis qu'un modeste employé de banque, fréquentant quotidiennement le quartier de l'Opéra, et serais très honoré de pouvoir faire votre connaissance. C'est un de mes amis, prénommé Octave Blanchard, qui a bien voulu me donner votre nom.

 

 

Dans l'espoir d'une rencontre, veuillez croire, chère Mademoiselle, à mes sentiments admirateurs.

Edouard Dezes (Texte écrit par Sabine)


Très cher Edouard,

 

       C’est avec surprise et émotion que je reçois votre lettre mais cet étonnement est mêlé d’un plaisir intense que j’aurais bien du mal à dissimuler. En effet je n’ose imaginer qu’un homme aussi jeune et charmant ait pu poser un regard empli d’amour sur ma personne !

 

       Tout comme vous, je me rends à l’Opéra le lundi. J’accompagne mon époux et sa jeune nièce qui semblent l’un et l’autre y puiser un intérêt grandissant. Si jusqu’à présent je trouvais ces moments quelque peu ennuyeux, votre présence me permettra d’envisager ces soirées avec un plaisir nouveau.

 

       Mon bel Edouard, j’ai pris la ferme décision de me donner à vous dès maintenant. Sachez que j’ai bien réfléchi et il apparaît évident que vous saurez combler mes plus secrets désirs Lundi prochain, sous prétexte de retrouver une amie, je vous retrouverai à l’entracte dans le foyer de l’Opéra. Vous porterez une écharpe blanche. Quant à moi je viendrai telle que vous me connaissez, sans artifice ni fanfreluches.

 

       En attendant ce voluptueux moment, je ne cesse de rêver à notre escapade vers un lieu inconnu mais qui deviendra, j’en suis sûre, le berceau de notre amour naissant.

 

       Je quitte tout pour vous !

       Votre bien aimée,

                                                        Louise

 

(Réponse écrite par Martine)

Paris, le 15 Août 1905

 

 

Très chère mademoiselle,

 

Il m’est difficile aujourd’hui de vous écrire cette lettre mais le moment est venu de me faire connaître.

 

Je m’appelle Aimé de St Gildas, je vis à Paris, je suis le caissier principal des « Nouvelles Galeries Modernes » de la rue de Rivoli. Mes parents demeurent à Rouen, mon père est tisserand et ma mère s’occupe des orphelins de la paroisse.

 

Chaque lundi je me rends à l’Opéra Garnier et c’est avec délice que j’assiste aux spectacles en soirées, que nous propose ce talentueux nouveau chef d’orchestre.

C’est dans ce lieu magnifique que je vous ai croisée la première fois : vous portiez une ravissante robe de taffetas marine, rehaussée d’un col en dentelle de Calais. J’ai aussitôt remarqué votre regard azur, votre délicat petit nez, vos lèvres fines et vos joues rosées. Votre discret sourire éclairait votre délicieux visage. Je n’oublierai jamais cet instant car mon cœur, depuis ce jour, s’est mis à battre de plus en plus fort.

 

L’ami qui m’accompagnait ce jour-là m’a laissé entendre que je pourrais éventuellement faire votre connaissance, puisqu’il semble avoir des contacts réguliers avec vos merveilleux et charmants parents. C’est donc grâce à lui que je me permets de vous nommer maintenant « très chère Louise ».

        

Je caresse l’espoir qu’à votre tour, vous succomberez au même amour que celui que j’éprouve à votre égard. Ma vie ne vaudra la peine d’être vécue que si je la continue à vos côtés.

 

Très chère Louise, vous me trouverez lundi prochain, dans le foyer de l’Opéra, pendant l’entracte, portant une rose blanche à la boutonnière : un simple signe de vous me fera comprendre que vous m’autorisez à me présenter à vos parents.

 

Je suis à vous pour la vie, votre dévoué,

 

                                                               Aimé de St Gildas

(Texte écrit par Martine)

Monsieur Aimé St Gildas,

 

Je sens que je vais fort vous décevoir. Vote lettre enflammée est très flatteuse pour les personnages que vous y décrivez mais je me dois de rétablir la vérité.

Je ne sais qui est votre ami et dans quel but il vous a si mal renseigné ?

Je suis le mari de Louise que vous avez prise pour ma fille. En effet, nous avons vingt ans de différence d’âge. La personne qui nous accompagne est sa mère !

Je ne vous tiendrai pas rigueur de ce malentendu car vous me semblez être une personne respectable et de bonne famille. Si cela peut vous consoler, en tout bien, tout honneur, venez vous joindre à nos amis à l’heure du thé, nous recevons le jeudi.                                       

Ernest  de Fontenay

(Réponse écrite par Renée)

Mademoiselle,

 

J’ose aujourd’hui m’adresser à vous car je ne puis attendre plus longtemps. Sachez que j’en perds le sommeil et il me sera moins douloureux de recevoir une semonce de votre part que de rester dans l’incertitude.

 

Tout d’abord, permettez moi de me présenter : Je m’appelle Jules Decoin, je suis clerc de notaire à Versailles et suis un célibataire de trente ans. J’ai une bonne rente et rêve de fonder un foyer.

 

Depuis quelques semaines je me rends à l’Opéra Garnier où j’ai pris un abonnement. Je vous ai tout de suite remarquée. Mes yeux ont été éblouis par votre jolie silhouette, votre grâce. J’ai essayé d’attirer votre regard mais vous étiez toujours en compagnie du même couple. Peut-être  vos parents ?

 

La dernière fois, ma loge était juste à côté de la vôtre. J’avais du mal à me concentrer sur le drame qui se déroulait sur scène.

 

Mademoiselle, ayez pitié de mon état, mes intentions sont honnêtes, je vous supplie de me répondre par un petit billet, que vous pourriez me glisser discrètement dimanche prochain, pour m’encourager à vous déclarer ma flamme.

 

Vous me reconnaîtrez à l’œillet blanc que je porterai à ma boutonnière. Je suis blond, avec des favoris et je tiendrai le programme à la main en allant vers vous le cœur battant.

 

A bientôt, ma douce , oserais-je dire " ma Louise ". L’ami qui m’a confié votre adresse m’a appris aussi votre prénom.

 

Votre tout dévoué,

 

Jules

(Texte écrit par Renée)

 

Monsieur Jules,

 

Je viens de lire votre lettre, adressée de toute évidence à ma femme. Vous voyez, je me fais un devoir de lire toute sa correspondance, car on ne peut pas faire confiance à la gente féminine, (certes nécessaire, même agréable, mais de faible intelligence). Je me dois de la protéger en tant que son mari, et je vois que j’ai tout à fait raison ! En fait, dès que j’ai compris que vous faisiez une proposition malhonnête à ma Louise, je suis passé à la fin de votre torchon. Je suis proprement scandalisé !

 

Je vous promets que si j’aperçois votre tête de blondinet avec votre œillet blanc à la boutonnière, vous repartirez avec un œil au beurre noir !

 

Dignement votre,

M. Dupont d’Avignon

(Réponse 1 écrite par Martha)

Monsieur,

 

 

J’ai intercepté votre lettre par accident – en principe, je ne lis pas le courrier de ma femme. Dans ce cas, j’ai été très surpris, évidemment. Mais je tiens à vous dire que depuis quelque temps ma femme m’exaspère de plus en plus.

 

En fait, vous me rendrez un fier service en me débarrassant de ce poids (dans tous les sens du terme !) si vous poursuivez dans votre séduction de Louise.

 

Cela me laissera tout loisir de développer mes relations avec mes maîtresses, et me débarrasserait de surplus de mon (faible) sentiment de culpabilité. Alors, je vous dis, courage !

 

Avec toutes mes encouragements,

Albert Dupont d’Avignon

(Réponse 2 écrite par Martha)



Chère Mademoiselle Louise,

Je vous prie d’excuser mon audace en vous écrivant cette lettre, mais permettez-moi, Mademoiselle, de m’expliquer avant de vous indigner.

Je vais régulièrement à l’opéra depuis toujours, étant très mélomane, et depuis quelques temps je n’ai pas pu faire autrement que de remarquer votre présence éblouissante à côté de vos parents (ou peut-être s’agit-il de votre tante et votre oncle ?) à la sortie de chaque représentation. J’ai remarqué vos toilettes élégantes, bien sûr, mais surtout vos beaux yeux bleus, pleins d’intelligence et de sensibilité. J’ai cherché désespérément un moyen de vous approcher et de me présenter, sans paraître effronté ou vulgaire – hélas, sans succès. Jusqu’au jour où, en vous décrivant à un ami musicien, il s’exclama :  

-Mais je la connais, c’est Louise d’Avignon ! ».

C’est ainsi que j’ai obtenu votre adresse, de façon tout à fait honorable.

Je me permets donc de vous écrire pour exprimer mon vif désir de faire votre connaissance. Seriez-vous disposée à accepter mon invitation à prendre un café après la prochaine représentation jeudi en huit, accompagnée évidemment de vos parents ? Si vous acceptez, je serais le plus heureux des hommes !

Vous pourriez me répondre à l’adresse suivante :

M. Thomas Miller

36 Boulevard des Capucines

Paris 2ème

Je vous remercie d’avoir au moins lu ma requête et je vous salue très respectueusement,

Thomas Miller

PS : Si vous acceptez, vous me reconnaitrez par mon écharpe rouge. Moi, je vous reconnaitrai parmi des millions !

(Texte écrit par Martha)

Monsieur Miller,

Votre lettre m’a beaucoup fait rire, et je l’ai lue et relue plusieurs fois. Voilà fort longtemps que je n’en ai reçue de semblable !

Elle tombe très bien, et me redonne un peu de ma jeunesse, à un moment où je me sentais comme un fruit mûr qui va bientôt tomber de l’arbre ...

Votre enthousiasme et votre audace m’ont fait grandement plaisir et je garde précieusement votre missive, que j’ai glissée dans mon journal intime. Vous m’êtes ainsi devenu très proche, cher Thomas.

Je ne viendrai pas prendre un café avec vous, car il me serait difficile d’expliquer à mon époux ce genre d’incartade. Et puis, je préfère que notre rencontre reste imaginaire, nous ne nous décevrons pas mutuellement de cette façon.

Croyez bien que dorénavant, je verrai toute écharpe rouge d’un autre œil, et tout homme qui la portera avec bienveillance et tendresse.

Rêveusement votre,

Louise

(Réponse écrite  par Myriam)

Mademoiselle Louise,

Au risque de paraître entreprenant à vos yeux(vos yeux si doux qui me font espérer votre indulgence), je vous écris aujourd’hui. J’ose penser que, peut-être, vous vous souviendrez de m’avoir croisé (plus d’une fois) à l’Opéra, car cette passion pour la musique nous a rapprochés semble-t-il, et nous avons donc déjà cela en commun.

 

 Je m’appelle Jean Delaville, je travaille comme géomètre dans une grande société d’architecture, et la musique apporte énormément de douceur à ma vie, tout en élevant mon esprit. Je joue moi-même du violon.

 

Or, ces derniers temps, cet esprit ne peut que penser à vous, à chaque moment de liberté, à chaque envol mélodique, à chaque rêverie au son de l’orchestre. Depuis le début de la saison à l’Opéra, je vous ai croisée chaque lundi soir, à la sortie du spectacle, et, si la chance m’a favorisé, quelquefois à l’entracte. Ainsi, le mois dernier, vous aviez fait tomber votre mouchoir et je fus bien ému d’avoir pu le ramasser pour vous. Depuis, je suis en transes en imaginant que, peut-être, vous avez remarqué ce grand jeune homme brun que je suis ; peut-être, lorsque nos regards se sont croisés, avez-vous découvert dans mes yeux sombres le feu qui s’est embrasé pour vous ? Vos traits gracieux, vos manières pétillantes et la douceur de votre démarche ont conquis mon cœur.

 

Je n’ai jamais osé vous parler vraiment, cependant j’ose vous avouer ma flamme par cette lettre, attendant un encouragement de votre part, si cette démarche, et ma personne, vous agréent. Alors si une réponse de votre part me rendrait le plus heureux des hommes, le courage que j’aurais obtenu de ce grand bonheur pourrait m’autoriser à me faire mieux connaître de vous, à pouvoir vous parler, dans le but, en tout bien tout honneur de faire de vous ma fiancée puis mon épouse respectée et adorée. Nous pourrions ainsi continuer sur le chemin de la vie dans un duo fidèle et passionné !

 

Votre humble, dévoué et enflammé

Jean

(Texte écrit par Myriam)

Monsieur,

 

Quel gredin, quel malotru êtes-vous !

Comment osez-vous adresser cette lettre à mon épouse ?

Elle, si pure et si droite. Elle, qui passe ses honnêtes journées à laver, repasser notre linge et préparer nos délicats repas.

Enflammé, vous êtes, mais, vous n’allez pas tarder à vous refroidir !

Vous parlez de duo et moi de duel.
Que diriez-vous de laver cette offense, lundi, à la première heure, dans le bois qui jouxte votre société ?

Espérez jouer aussi bien de l’épée que du violon, ou vos jours sont comptés !

Je ne vous salue pas, mais vous attends à l’aube, accompagné de votre témoin, peut-être, l’infâme personnage qui a osé vous transmettre notre adresse.

Un homme offensé.

Antoine  De La Haute

 

 Marquis De La Sarladaise

(Réponse écrite par Michèle)

Mademoiselle Louise,

 

Vous ne me connaissez pas encore, alors que mes pensées vous accompagnent chaque jour, depuis trois semaines. Tous les lundis, je vous croise à la sortie de l’opéra, vous, accompagnée de vos proches et moi, seul, avec mon labrador. Je me présente, je me nomme Joseph, je suis apprenti maréchal-ferrant, dans l’écurie du château, j’ai 18 ans.

 

Vous êtes si belle dans votre robe bleue assortie à vos yeux que je ne peux demeurer indifférent. M’accorderez-vous un regard, lundi prochain, si nous avons la chance de nous revoir? J’en serais tellement heureux ! Mes intentions sont honnêtes, jamais, je ne vous offenserais.Vous êtes la femme dont je rêvais, l’unique qui puisse combler ma vie et partager mon quotidien.


Vous devez être étonnée de recevoir cette lettre. Votre adresse m’a été donnée par un de nos amis commun : Jules. Il a compris le feu qui me rongeait et m’a fait promettre de vous être agréable. Par pitié, pardonnez mon audace, ne me jugez pas sévèrement. Je vous aime !

 

Dans l’espoir de vous revoir prochainement, je vous transmets toute mon affection.

Joseph.

(Texte écrit par Michèle)

Cher Monsieur Joseph,

 

C’est avec une grande émotion que j’ai lu votre courrier. Après tant d’années de mariage auprès d’un mari qui ne vante plus mes charmes depuis longtemps, vos aveux me redonnent une seconde jeunesse.

 

Cependant je n’ose croire en la possibilité d’une telle passion, et ce pour plusieurs raisons : comme vous le comprenez, je suis mariée, de plus avec un homme soupçonneux dont les réactions pourraient être violentes. Par ailleurs, vous êtes très jeune, 18 ans, et moi dans la fleur de l’âge, 45 ans. Bien que je sois très tentée, je ne pense pas qu’une telle idylle me soit permise. Je ressens une profonde tristesse de renoncer à votre amour.

 

Je vous guetterai la semaine prochaine devant l’Opéra en compagnie de votre labrador. En espérant que vous ne serez pas trop affecté par ma décision et que vous pourrez vous remettre rapidement de ce refus, je vous prie de croire, Joseph, en ma plus tendre considération.

 

Louise

(Réponse écrite par Monique)

Chère Mademoiselle Louise,

 

Je vous prie de bien vouloir m’excuser par avance de mon audacieuse démarche.

Je m’appelle Jules et j’ai pu tirer auprès de mon ami Charles, que vous connaissez, quelques informations à votre sujet, dont vos nom et prénom ainsi que votre adresse.

Voici un an que je vous ai aperçue à la sortie de l’Opéra en compagnie d’un couple. J’ai immédiatement été très troublé par votre personne, votre distinction, votre visage gracieux qui laisse deviner une grande gentillesse. Vous vous êtes vite esquivée, bien sûr sans m’apercevoir. C’est donc un peu dépité que j’ai ce soir-là quitté la place de l’Opéra.

Amateur d' opéra, je me suis rendu un mois plus tard à la représentation suivante, avec un pincement au cœur en souvenir de votre apparition. J’ai encore en moi aujourd’hui l’effet de surprise et l’emballement auxquels j’ai été sujet lorsque je vous ai à nouveau croisée. Je me suis approché au plus près avec l’espoir que vous me remarqueriez.

Voici un an que cette scène se reproduit tous les premiers vendredis du mois. Je n’ai jamais osé vous aborder. Ma passion grandissante et inavouable me rend taciturne à tel point que Charles s’inquiétait de cette perte d’enthousiasme que je manifeste facilement.  Je lui ai donc fait part de mon désarroi. Sur ses encouragements, et n’y tenant plus, je vous adresse cette lettre pour vous faire connaître toute la flamme qui m’anime.

Peut-être vous-même m’avez-vous aperçu, j’étais si proche de vous. Je souhaite vivement pouvoir vous rencontrer et me présenter à vous.

En espérant que vous recevrez favorablement ces aveux, je vous prie, chère Mademoiselle, de croire en mes sentiments les plus chaleureux.

Jules qui vous attend

(Texte écrit par Monique)


Souvenirs de Noël


 

Chaque participante écrit un dizaine de phrases, commençant par : "Je me souviens..." décrivant un souvenir de Noël ou de la période des fêtes.

 

Elle lit à sa voisine toutes ses phrases. La voisine doit choisir un souvenir, et ce souvenir doit être rédigé en détail !

 

Voici nos souvenirs :


Quel Noël exceptionnel cette année-là, et que d’évènements à raconter ! Mais par où commencer ?

 

Dans un premier temps, je situe ce Noël : il s’agit du dernier du millénaire, celui de 1999 bien sûr. On ne parlait que de ça, au travail, dans les familles, dans les rues, dans les médias. Tout le monde s’y préparait avec faste. Chez nous on évoquait ce futur Noël depuis plusieurs années : on inviterait untel, on préparerait ceci, on dînerait là, on s’habillerait comme-ci. Enfin bref, la totale ! Sauf que voilà… tout ne s’est pas déroulé comme on l’avait imaginé.

 

Parce qu’entre temps, une petite graine était doucement en train de germer, notre petite princesse d’amour était prévue pour fin Décembre 1999 ! Alors exit l’excellent repas dans tel restaurant chic, exit la jolie petite robe à paillettes et les fines chaussures à talons hauts, exit les ballades dans les rues étincelantes de Paris et les achats de Noël dans les grands magasins. Pour moi ce serait plutôt une tenue confortable et décontractée adaptée à mon gros ventre, et chaussures plates et suffisamment larges pour y caser mes pieds gonflés. Quant au repas, je n’avais absolument pas envie ni de cuisiner, ni de manger : un bouillon, un yaourt et une clémentine auraient fait mon bonheur. Mon mari se procura quand même quelques denrées festives pour célébrer ce Noël avec nos deux aînés. Et voilà, nous avons passé ce dernier Noël du millénaire tous les quatre, vautrés dans le canapé, en pantoufles, à regarder la télévision. Inutile de vous dire que nous nous sommes couchés tôt ; j’étais fatiguée, j’avais mal au ventre, aux jambes, enfin partout quoi ! Une nuit de sommeil me permettrait de me reposer pour démarrer une probable ultime journée d’attente du bébé.

 

Mais c’était sans compter sur un autre évènement… Cette nuit-là le vent avait soufflé avec une rare violence, nous avions entendu de terribles craquements dehors. Nous n’avions d’ailleurs quasiment pas dormi. Au matin, quel effroyable spectacle à l’extérieur : branches arrachées, arbres couchés, poteaux en travers de la chaussée, clôtures disloquées, et pour clore ce désastreux spectacle, l’une de nos deux voitures écrasée sous un arbre ! J’oubliais un détail, toutefois important pour un mois de Décembre : pas d’électricité et donc pas de chauffage ! Et oui, la tempête du siècle venait de traverser la France et avait laissé derrière elle d’innombrables et importants dégâts.

 

Et c’est justement en observant ce désolant décor que j’ai senti mon ventre se durcir un peu, beaucoup et de plus en plus souvent. En fin d’après-midi j’ai réalisé qu’il était temps d’attraper les deux petites valises et de partir vers la maternité. Mais croyez-moi, j’ai bien failli accoucher dans notre voiture car il a fallu en faire des détours pour contourner toutes les rues obstruées par les dégâts. Enfin lorsque je suis arrivée à la maternité, j’ai juste eu le temps d’entendre une seule fois « poussez ! », et pendant que mon mari garait la voiture sur un parking, notre petite Laurine est née !

 

Depuis 15 ans, notre « Miss Tempête » - puisque c’est ainsi qu’il nous arrive encore de l’appeler – apporte sa joie et sa bonne humeur dans notre foyer.

 

Mais quel Noël !

Martine

Souvenirs d’un Noël

 

Je me souviens de cet épisode de mon enfance qui rendit mes yeux bien humides. Je croyais encore au Père Noël. J’avais 6 ans, mais étant allée à l’école tardivement, je gardais longtemps les rêves de l’enfance.

 

Nous habitions dans la même cour que mes grands-parents, dans deux petites maisons indépendantes. Le Père Noël passait donc d’abord dans la maison de mes parents et à l’heure autorisée je sautais de mon lit pour aller voir ce qu’il y avait pour moi sous le sapin. Je ne sais pas pourquoi, mais le jouet choisi par mes parents ne m’enthousiasma pas. Le pire est que même maintenant, je ne me souviens pas de ce que c’était, peut être dans une grande boite, un beau baigneur aux yeux qui bougent, un train ... Non je ne saurais le dire.

 

Il était alors d’usage d’aller voir ce que le Père Noël avait déposé pour moi chez mes grands-parents. J’y trouvais, ça je m’en souviens, un album des fables de La Fontaine avec les pages en couleurs et découpées, en relief. Je trouvais cela superbe et tournais toutes les pages du livre les unes après les autres avec délectation, sous le sourire heureux de mes grands-parents. Je ne remarquais pas le visage triste de mon père.

 

Je revins un peu plus tard dans la maison de mes parents et les yeux en pleurs je cherchais mes cadeaux. Mon père, sérieux, me dit : « Ils ne te plaisaient pas, alors le Père Noël les a repris. » J’étais effondrée, en larmes. En fait, ces cadeaux me plaisaient bien, mais mon père avait été vexé que je fasse meilleure figure au livre en couleurs et en relief de ma grand-mère. Maman se mit en colère et dit à mon père que c’était indigne de faire ça à une enfant.

 

Quelques minutes plus tard, alors que j’avais le dos tourné, les jouets font leur réapparition et mes parents de m’expliquer que le Père Noël m’avait vue si triste que finalement il avait ramené les cadeaux. J’acceptais l’explication mais je me souviens aussi d’avoir vu que les jouets étaient cachés sous une couverture bleue du grand lit de mes parents.

 

Je ne me rappelle plus de ma réelle réaction à cette époque. J’étais encore une petite enfant et le plaisir de jouer emporta toutes mes pensées. Finalement ce devait bien être un train car je revois mon père le monter avec moi.

 

Françoise

Je me souviens du noël de 1971, fêté dans le Massachusetts, où mon mari et moi sommes partis pour faire un essai de vie à l’américaine. Nous avions démissionné de nos jobs respectifs, rendu notre appartement parisien, vendu (à perte) notre petite Volkswagen, pour tenter cette aventure transatlantique. Je crois que j’avais besoin d’en avoir le cœur net : je n’avais pas pu encore me dire que j’allais quitter définitivement mon pays. Pour mon mari, sa motivation était uniquement l’amour, pimenté par un petit différend avec son patron. Il ne parlait pratiquement pas un mot d’anglais et n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait trouver comme travail sur place.

 

Nous nous sommes installés provisoirement chez ma mère, dans le sous-sol de son pavillon situé dans la ville de Lincoln, à 20 km de Boston. Ma jeune sœur habitait encore chez elle avec son chien Charlie, un Labrador Retriever fort sympathique. J’ai rapidement trouvé un travail dans le département informatique d’une compagnie d’assurance, et Pierre allait assidument à ses cours d’anglais à Boston. La première neige est tombé tôt, avant Thanksgiving (fin novembre) et Pierre, tout parisien qu’il était, fut consterné par la quantité – un bon mètre pendant la nuit. Il a fallu tout déblayer pour sortir de la maison et extraire la voiture du garage. Mais il s’est vite habitué, faisant avec moi des « anges de neige » (on s’allonge dans la neige et on bouge les bras comme des ailes) et Noël approchait à grands pas. Notre Noël

Les américains fêtent Noël en général le jour même et pas la veille au soir, mais un bon repas est de rigueur, souvent de la dinde. Pierre sentait un peu de pression pour défendre la réputation gastronomique des français, et souhaitait nous préparer des mets raffinés. Pour l’entrée, c’était facile – une salade de concombre, coupé en fines lamelles et dégorgé dans du sel. Mais ensuite ? Au supermarché, nous avons trouvé par hasard un lapin congelé – le premier que nous ayons vu (congelé ou non) depuis notre arrivée à Lincoln. Pierre sauta dessus, les yeux brillants. Oui, on fera un ragoût de lapin ! Hélas, le lapin avait dû subir la congélation il y avait fort longtemps, et il refusait de s’attendrir. « Trop vieux, le lapin » décréta Pierre, mais sa déception fut grande. Pour la bûche, je fus mise à contribution. J’avais pourtant bien suivi ma recette, mais je n’ai jamais vu une bûche si raplapla, bien que le goût fut agréable. Enfin, ce qui nous sauva, ce furent les crêpes de Pierre, d’après la recette secrète de sa mère. Il se plaignait de la poêle, des ingrédients, mais les convives en redemandaient. Elles étaient succulentes, fines et légères. Même Charlie en a mangé (mais ce n’est pas vraiment un compliment, vu que les labradors bouffent tout ce qui leur tombe sous la truffe…).

 

Au bout d’un an, nous avons décidé de laisser l’Amérique derrière nous, avec ces quelques souvenirs savoureux, et d’autres un peu plus amers (je ne vous ai pas parlé des tentatives de fabrication de baguettes et de croissants, mais c’est une autre histoire). Mais à chaque visite, j’apporte ses crêpes dans ma valise, si Pierre ne m’accompagne pas. En tout cas, ce Noël là, l’honneur de la cuisine française fut sauf !

Martha

Je me souviens de la construction de la crèche avant Noël

 

L’arrivée de Noël ne prenait son vrai sens qu’avec la mise en place de la crèche. Il a fallu que j’atteigne l’âge raisonnable de 5 ans pour pouvoir enfin participer à son élaboration. Jusqu’alors seul mon frère de 2 ans mon ainé était autorisé à manipuler avec la plus grande délicatesse l’âne et le bœuf.

Au début très peu fournie en personnages, elle était installée dans une petite cabane de bois bricolée par notre père. Puis au fur à mesure des années, nous avons, mes frères et moi, alimenté et, à notre sens, amélioré l’environnement.

Nous étions très fiers de fabriquer nous-mêmes nos santons, qui à mon souvenir étaient en plâtre. Il fallait bien sûr  attendre patiemment qu’ils sèchent avant de les peindre. Cette petite  entreprise nous a donc amenés à préparer Noël de façon beaucoup plus anticipée qu’au préalable.

 Au-delà de nos réalisations, pour nous la grosse amélioration fut l’acquisition d’un papier dit « rocher » que nous froissions dans tous les sens pour constituer la grotte. Sur ce point nous n’étions pas tous d’accord sur le caractère réaliste du modelage. Ce sujet de dispute amenait notre père à intervenir et à prendre lui-même le papier « rocher » en main. Et là sans conteste pour chacun de nous c’était la plus belle des grottes.

Et le moment que nous attendions par-dessus tout c’était l’éclairage de la crèche, qui ne pouvait se faire que la veille de Noël, annonciateur des cadeaux. Aux bougies précautionneusement déposées pour éviter toute destruction incendiaire, a succédé la guirlande électrique qui apportait la lumière diffuse parfaite pour égayer notre chef d’œuvre. Aujourd’hui, au regard des photos, nous étions fiers.

Monique

Cette année 1963, nous avions décidé de réveillonner  chez ma sœur qui habitait le même quartier que nous, près des Batignolles à Paris.

 

Je me souviens que nous étions une bonne quinzaine d’adultes. Les enfants, qui avaient entre quatre et dix ans, étaient tous couchés car le Père Noël ne passait qu’à cette condition.

 

L’apéritif n’avait pas été triste car mon mari, fatigué de sa journée de travail, n’a pas supporté le  premier verre de Kir qui lui a été tendu.  Lui, d’habitude si sérieux même quand il plaisante, n’arrêtait pas de rire pour un rien et refusait d’embrasser ma sœur en prétextant qu’elle voulait l’embrasser sur la bouche !

 

L’ambiance commençait à bien se réchauffer quand un coup de sonnette a retenti.  Nous étions intrigués de savoir qui serait l’invité surprise car nous n’attendions plus personne. Mon beau-frère est allé ouvrir et est revenu dans la salle à manger avec un énorme plateau d’huitres qu’il avait commandées. Il était  tout de même surpris de constater qu’il y en avait plus que ce qu’il avait payé. Ma sœur ne comprenait pas non plus, tourteaux, langoustines, oursins !

 

Après une minute d’hésitation,  nous n’allions tout de même pas rester plus longtemps à admirer ce beau plateau si copieux, nous nous sommes mis à table pour le déguster. Nous n’avons pas cherché à comprendre et nous nous sommes bien régalés et amusés de cette bonne aubaine. Cela ne nous a pas empêchés de continuer le restant du festin jusqu’au réveil des enfants impatients de découvrir leurs jouets au pied du sapin.

 

Nous avons appris, par la suite, qu’une autre commande avait été passée chez le même poissonnier par des voisins et que le livreur avait interverti les noms sur les plateaux. Merci Père Noël !

                                                                                 Renée

Je me souviens du Noël 1999 ! C’était notre tour de recevoir la famille lyonnaise de mon mari. Ses parents dormaient à l’hôtel, près du lac, et nous hébergions sa sœur Nanou, avec son mari Jean-Paul et leurs deux filles d’une dizaine d’années, ainsi que – chose rare – son frère Hubert avec sa femme Martine et leurs très jeunes enfants. Certains étaient venus en voiture, d’autres en TGV.

 

J’avais prévu les repas pour plusieurs jours, disposant d’un congélateur et d’un deuxième frigo au sous-sol, d’une cuisinière électrique et d’un micro-ondes. Le réveillon se passe très bien, les cadeaux sont échangés – mes nièces étaient friandes de jeux de société et moi j’aime offrir des livres pour tous les âges. Le lendemain de Noël, Nanou et Jean-Paul veulent emmener leurs filles visiter Paris. Mes nièces et mes enfants râlent : ils préfèreraient jouer ensemble. Mais les lyonnais ne viennent pas souvent, et insistent pour profiter de la capitale. Les voilà partis .... Une panne de courant depuis le matin nous semble la conséquence d’un afflux de consommation mal géré par EDF en cette période de festivités. On prépare le café, le chocolat et les biberons des plus jeunes dans la cheminée.

 

Un bon quart d’heure après leur départ, Nanou, Jean-Paul et les filles (ma foi, fort joyeuses) rentrent à la maison : pas de RER ! Un arbre est couché en travers de la rue, un peu plus bas, une voiture écrasée dessous ! Et il y a des rumeurs ... Pas de télé, nous sortons écouter les informations à la radio, dans la voiture : une énorme tempête s’est abattue sur la région, sur une partie du pays même, couchant les arbres, arrachant les toits, privant d’électricité une partie de la population. Nous, on n’a rien entendu ! Il y avait bien du vent, mais cela ne nous a pas perturbés ni empêchés de dormir ! Par contre, voilà mes repas chamboulés : pas de four, ni de plaque de cuisson. Repas froids improvisés pour 16 personnes (dont 8 enfants). En outre, pas de chauffage, ni d’eau chaude. La cheminée a été très appréciée. Pendant la nuit, comme il s’était mis à tomber des cordes, notre cave commença à être inondée : plus de pompe pour évacuer l’eau de pluie ! Mon mari et son beau-frère ont réussi à écoper, puis siphonner l’eau envahissante. Le lendemain, pas de TGV non plus, nous étions tous coincés à la maison.

Heureusement, nos voisins sont rentrés et ont réussi à se brancher, puis à nous raccorder à un autre circuit électrique, d’une maison qui donnait sur une autre rue.  La solidarité a fonctionné... pour sauver notre congélateur et brancher la chaudière ! Nous sommes restés encore 3 jours sans courant. Lorsque j’ai réussi –grâce au prêt d’un réchaud de camping – à cuisiner un plat de spaghettis que nous avons dévoré presque chaud, tout le monde a apprécié le confort moderne !

 

Ce qui a le plus marqué les enfants, c’est l’éclairage aux bougies, dans les toilettes notamment. Les soirées commençaient tôt (en plein solstice d’hiver) : tout le monde se regroupait autour des bougies, pour lire ou jouer aux jeux de société « à l’ancienne ». Je ne crois pas que nous ayons pris beaucoup de photos pendant ces quelques jours. Celles qui ont été prises au flash ne témoignent pas complètement de l’ambiance : clair-obscur, odeurs de cire et de bois fumé qui ont tout imprégné !  

Myriam


Voyages


Consignes ( 13 novembre 2014) :

Nous recevons chacune la copie d'un vrai billet de train, avec nom, prénom, date, itinéraire...

Nous allons écrire un texte  dont les consignes sont données au fur et à mesure, en trois étapes.

1) Décrire ce que fait le personnage jusqu'à ce qu'il monte dans le train.

2) Des objets nous sont proposés : un porte-clé avec un poisson, des billets de manège, un tout petit appareil photo ancien, un miroir de poche, un coquillage ...

Il faut raconter le voyage du personnage dans le train, dire où il va, pourquoi etc., et inclure l'objet de notre choix dans le récit.

3) On change de point de vue : le narrateur dit "je".

Zoom avant sur cet appartement situé au 4ème étage de la rue des Tamarins…

Edouard Ferey, en caleçon et maillot de corps, se déplace lourdement vers le séjour, ses pantoufles frottent sur le parquet que Zoé, son épouse, a ciré ce matin. Quand il arrive dans la pièce, Zoé pousse un cri strident et hurle à qui veut bien l’entendre : aïe aïe aïe, Edouard a fait une longue sieste paresseuse, il est 14h30 et dans un peu plus d’une heure, un train part en direction de Nîmes et doit emporter Zoé et Edouard pour un court week-end amoureux. Seulement voilà, Edouard n’est pas prêt : pas rasé, pas douché, le costume sombre à fines rayures n’est pas sorti de la penderie, les chaussettes et les sous-vêtements sont encore blottis au fond du tiroir, même pas sûr que les souliers soient cirés ! Zoé, elle, est permanentée, maquillée – à outrance comme d’habitude – habillée, le manteau sur le dos, la petite valise dans une main et le sac à main dans l’autre. Branle-bas de combat dans l’appartement 406 : Edouard se rase, se lave, gomine ses cheveux – devenus rares d’ailleurs -, jette pêle-mêle dans sa valise les quelques effets dont il aura besoin pour ce week-end. Il arrive dans l’entrée, la braguette pas fermée, un lacet défait, la veste de costume de guingois sur les épaules, essoufflé, transpirant et même grognon de ne pas avoir eu le temps de déguster un café.

Et voilà maintenant notre Zoé et notre Edouard courant, haletants, dans les rues de Paris en direction de la gare de Lyon. Un rapide coup d’œil à la grande horloge : 16h05… Le train part à 16h07. Seront-ils installés à temps dans la voiture 16 ?

Zoom arrière… la suite nous le dira.

 

Et oui, Zoé et Edouard sont effectivement dans la voiture 16 et cherchent leurs places. Ils se dirigent vers les places 50 et 51, posent leurs bagages au-dessus des sièges et s’affalent. Ouf !

Arrive alors une jolie jeune femme blonde, élégante et manucurée avec grand soin, portant jupe droite, chemisier de soie, talons hauts et manteau d’une coupe parfaite. Elle s’arrête à leur hauteur et les regarde avec insistance. Elle s’excuse auprès d’eux et les informe que madame – il s’agit de Zoé – est assise à SA place. Edouard, qui s’est occupé des réservations, rougit un peu, beaucoup même, et bafouille qu’il doit y avoir une erreur. Notre belle dame fouille alors dans son sac à main à la recherche de son billet de train, et sort pêle-mêle un tube de rouge à lèvres, une lime à ongles, un porte-monnaie, un stylo-plume, un carnet, un porte-clés et enfin le fameux billet de train. Zoé pousse alors le second cri strident de la journée ! Elle a en effet reconnu le petit porte-clés rouge et fleuri en forme de sac à dos avec la clé de leur appartement, cette clé qu’elle garde en réserve au fond du tiroir de la cuisine, au cas où. Notre Edouard pâlit mais se lève brusquement, saisit la Zoé par le bras et la tire vivement jusqu’au bout du wagon. Il ouvre soudainement la porte des toilettes, y pousse notre Zoé suffocante, referme la porte et la bloque avec une lourde valise.

Le voilà alors qui revient à sa place. La belle dame est assiste à la place 50, comme c’est indiqué sur SON billet. Edouard, son amant, s’installe confortablement à la place 51. Le porte-clés est retourné dans le sac de la belle dame. Le train est parti et roule rapidement vers sa destination. Quelques passagers regardent en coin ce couple étrange mais n’osent pas intervenir. Et pourtant tous perçoivent  bien quelques tambourinements là-bas au fond du couloir. Tous ont bien compris que la pauvre épouse bafouée s’époumone dans le petit réduit des toilettes mais personne ne bouge… et le train continue son trajet, indifférent à ce qui se trame quelques wagons derrière.

Zoom sur Edouard…

« Me voilà enfin à vos côtés chère Adélaïde. J’ai tant attendu ce moment. Dès que nous arriverons, nous monterons dans un taxi qui nous emportera dans notre luxueux hôtel face à la mer. Sachez ma chère Adélaïde que ma femme ne s’est probablement jamais doutée de rien jusqu’à présent. Aujourd’hui était le grand jour : se débarrasser d’elle dans ce train, voyager avec vous et filer vivre notre grand amour au bord de l’eau. »


19h06, le train s’arrête en gare de Nîmes, Edouard et Adélaïde en descendent et se dirigent vers la sortie.

Mais ce que Edouard ne voit pas, c’est ce charmant jeune homme qui déverrouille la porte des toilettes, libère une Zoé un peu échevelée certes mais surprise de se trouver face à ce jeune étalon. James – puisque c’est son nom – tend son bras à Zoé et l’aide à descendre du train. Les voilà se dirigeant eux aussi vers la sortie.


Zoom arrière… juste à temps pour entendre Zoé dire tout bas dans un souffle « Oooh James ! »

Martine

En ce vendredi 3 février, les informations annonçaient une journée difficile à Paris au point de vue de la circulation : départ des vacances de février, travaux aux abords de la Gare de Lyon et pour tout arranger : un  préavis de grève lancé par un Syndicat !

 

Le métro était bondé et pour arriver Gare de Lyon pour 16h07 il ne fallait pas traîner.

 

Heureusement, la place de deuxième classe était réservée depuis deux jours et les quinze minutes d’avance suffiraient à rejoindre la voiture 16 et la place 51, côté couloir. Vite, le compostage, il est juste 15h46, plus de souci à se faire, les craintes sont dissipées et notre mamie peut enfin souffler.

 

***

 

Elle a juste le temps d’enlever son manteau et son chapeau, sortir de son sac à main son livre et ses journaux de mots croisés, et le train démarre.

 

A côté d’elle, un monsieur aux tempes grisonnantes l’observe discrètement puis sort son journal sans conviction. Les paysages de la banlieue parisienne commencent à défiler rapidement. Il va falloir passer trois heures dans ce compartiment sans échanger le moindre mot avec son voisin, cela va être difficile pour notre mamie qui n’a pas l’habitude de rester muette.

 

Elle sort de son sac un petit objet de dix centimètres environ, et se met à le triturer de tous les côtés, à l’observer avec curiosité. C’est une pièce rare acquise ce matin à la salle des ventes.

 

Ce qui devait arriver arriva : le monsieur, intrigué, leva les yeux de son journal et, avec un petit sourire au coin des lèvres, lui demanda :

- Excusez ma curiosité, quel est cet objet ?

 

***

 

Comme cette scène, dont je suis témoin depuis le départ du train m’amuse ! Je me trouve de l’autre côté du couloir dans le sens inverse et, dès le début, en voyant ces deux seniors côte à côte, je les ai trouvés si bien assortis que, dans mon imagination, je les avais déjà réunis !

 

J’ai appris que cet objet insolite était un petit appareil photo qui a vite été remis à sa place dans le sac de la dame. Il avait bien joué son rôle car les deux personnes avaient rompu la glace et se préparaient à descendre ensemble à Nîmes. Une idylle du troisième âge était en train de voir le jour grâce à un objet rare.

Renée

Marion ouvrit brusquement les yeux, avec le sentiment qu’une urgence nécessitait qu’elle soit rapidement levée et efficace ce matin. La mémoire lui revint brusquement : je dois me dépêcher, j’ai un train à prendre ! L’émotion pulsait dans chacun de ses battements de cœur ...

Un café, tout de même, une douche rapide. Elle enfila la tenue préparée la veille, après bien des hésitations. Il fallait qu’elle soit à l’aise, mais aussi qu’elle fasse bonne impression en arrivant.

La voilà qui descend la rue, tirant sa valise et non sans vérifier que le billet de TGV était bien dans son sac, avec son portable et son appareil photo.

C’était le début des vacances de Toussaint, une belle matinée rousse et dorée d’octobre, dont elle put profiter à travers les vitres du RER qui approchait de Paris. Cette jeune femme brune, élégante et parfumée emprunta le métro, effectua deux changements pour émerger dans une gare de Lyon pleine de monde.

Pour l’instant tout allait bien. Elle parvint à se faufiler sur le quai, sans oublier de composter son billet. Le bon wagon – voiture 15 – et elle se hissa à bord, trouva sa place, la 74, et s’installa.

 

Prochaine étape, le Sud avec son soleil ! Sa lumière, ses odeurs, le bleu de la mer, les palmiers, la douceur. Mais rien de tout cela n’était la cause de son excitation intérieure.

Le train était parti, elle s’en rendait compte maintenant. Comme elle prit conscience des personnes autour d’elle. De l’autre côté du couloir, un famille s’installait et les jeunes parents sortaient des livres, des jouets et des friandises. Ils tentaient de convaincre leurs enfants, une minuscule fillette qui ne tenait pas en place, et un garçonnet un peu plus grand, de rester tranquilles. A côté d’elle, une ado s’enfonçait dans le fauteuil, des écouteurs branchés à ses oreilles et les doigts s’activant avec frénésie sur son téléphone.

Marion ouvrit son sac, et ne put s’empêcher d’en sortir le vieil appareil photo qu’elle avait rangé avec le sien. Cet appareil photo trouvé dans une valise au grenier, avec des lettres et des photos, et qui était à l’origine de son enquête – de sa quête plutôt – sur les origines de sa famille. Elle avait interrogé sa grand-mère, des oncles et tantes, des cousins plus ou moins éloignés. Elle avait fait des recherches dans les archives, auprès de plusieurs mairies et avait fini par trouver une piste à Cannes. C’est là qu’elle se rendait, pour retrouver l’auteur des lettres et des photos, perdu de vue par toute la famille, et qui semblait se trouver là depuis quelques années.

Elle avait pris le temps, pendant les 3 heures et quelques de voyage, de relire ses notes regroupées dans un carnet, avec les photos et l’arbre généalogique dessiné où tous deux figuraient sur des branches voisines. Son grand-oncle Albert, que tout le monde avait cru mort ...

***

 

Je devrais tout ranger maintenant, et me détendre. Mais plus le train avance, plus je me sens nerveuse. Est-ce que j’ai bien fait de venir comme ça, est-ce qu’Albert va accepter de me parler ? Est-ce qu’il se rappelle de nous ? Et puis, est-il comme je l’imagine à travers ce qu’on ma raconté, ce que j’ai lu dans ses lettres ?

C’est surtout dans ses photos que je ressens ce personnage, que je me sens proche de lui. Moi qui ai pris la relève ! Contre l’avis de mes proches, qui ne me comprennent pas. Ils m’ont toujours affirmé que journaliste, et photographe, on ne peut pas en vivre, surtout pour une femme. Mais moi, je ne peux pas vivre sans ! Alors rencontrer le grand-oncle Albert, qui a été un célèbre reporter photographe, déjà avant guerre, puis pendant celle-ci, sous un pseudonyme pour mieux se cacher. C’est grâce à lui, que j’ai retrouvé en cherchant obstinément à résoudre l’énigme de sa disparition, que je ne me sens plus le vilain petit canard...  Pourvu que le courant passe entre nous !

 

Ce soir-là, j’ai rencontré Albert, qui m’a accueillie chaleureusement, et après une soirée inoubliable à parler ou à se taire en regardant nos photos, nous nous sommes dit mutuellement : « Bienvenue dans la famille ! »

Myriam


 


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Consigne : A partie de mots (extraits d'un texte de Chateaubriand) écrire, en 10 minutes, un texte les contenant tous. S'imprégner de l'atmosphère dégagée par les mots ...

Forêts, rêverie, cime, solitaire, passage, secret instinct, voix du ciel, régions inconnues, orages, démon, cœur 

Voici nos textes ...

C'est dans ces forêts de régions inconnues que l'esprit de Victor déambulait. Le démon de son cœur ne parvenait pas à s'imprégner des voix du ciel. Il lui était pourtant aisé de s'imaginer, cheminant dans les méandres de sa rêverie, vagabondant d'une cime à un abîme, malgré les orages qui secouaient ses pensées. Le passage de la raison à la folie le handicapait mais son secret instinct le guidait vers des moments plus calmes. Tel qu'il était, il resterait solitaire.

Martine

régions inconnues où la cime des grands sapins dessine les forêts enchantées.

Un passage solitaire pousse à la rêverie et au secret instinct pour entendre la voix du ciel dans son cœur.

Seuls les orages réveillent le démon et brisent l’harmonie.

Michèle

Des orages présagent le passage

D’une âme solitaire en rage

 

Un démon sort des régions inconnues

De ce cœur blessé, son secret instinct méconnu

 

Pour rencontrer les voix du ciel

Pour contrer toute cette noirceur

 

S’élève à la cime des arbres des forêts

Une rêverie toute en douceur.

Martha

J'étais partie, seule, comme poussée par un secret instinct vers ce passage à travers les arbres touffus. J'avais marché pendant quelques heures, solitaire. Je sentais les odeurs de terre, de feuilles et de mousses qui émanaient de bien des forêts et m'accompagnaient dans ma rêverie au sein de ces régions inconnues. Soudain, je me trouvais à la cime d'une colline, surplombant la vallée qui descendait vers la mer. Des nuages de toutes nuances de gris se poursuivaient, annonceurs d'orages. Au cœur de ces démons agités, un petit coin d'azur persistait, comme si les voix du ciel me donnaient encore une lueur d'espoir.

Myriam

Je ne sais pas quelles voix du ciel mont conduit à opter pour des voyages en régions inconnues. Jimagine avoir dévoilé en moi le secret instinct d’éprouver ne serait-ce quun instant le plaisir de la nouveauté. Cest donc en solitaire que je mengage au cœur des forêts bretonnes notamment celle de Brocéliande où je peux me lancer aller à la rêverie et à lenchantement des légendes, demprunter le passage où Guenièvre se serait enfoncée fuyant les esprits malfaisants.

Monique


A la recherche de l'Absolu


Consignes ( 16 octobre 2014) :

1) Après avoir établi une liste de mots évoqués à partir du mot ABSOLU, chacune écrit un texte.

2) Puis, chacune doit écrire une liste de 3 à 5 phrases ou expressions à partir de :  "J'avance", "Je m'élance", "Mais", "Je vole", "Et".

3) Enfin, nous devons reprendre le texte du départ, et y inclure une des phrases ou expressions de chaque type, en ajoutant, si besoin, des phrases de transition pour que le texte final soit cohérent.


Voici nos textes finaux :

 

J’avance dans ce cahier avec de plus en plus de plaisir. Et pourtant, « absolu »… ce mot n’évoque pas grand-chose pour moi. Seulement une vague torture d’adolescente, une torture mathématique, une histoire de nombres. Alors que pour certaines – puisque nous conjuguons ici au féminin – il représente la perfection, l’aboutissement, le but suprême, l’affirmation, voire même… la vodka ! Loin de moi l’idée de vous laisser penser que l’alcool fort est mon Graal, mais là pour le coup, je serais plus inspirée.

Je m’élance et je plonge ! Mon esprit vagabonde vers une plage ensoleillée, un transat, une odeur de crème solaire, le sable blanc d’un lagon, le chant des vagues et une irrésistible envie d’un mojito bien frais ! Mais tout cela m’intrigue alors que je vole dans ce Boeing qui m’emmène vers cette destination tant convoitée. Oui absolument, je pense en ce moment aux vacances estivales.

Mais, voyons Martine, nous sommes en Automne, en plein atelier d’écriture… Et bien dites donc, nous voilà toutes très concentrées.

Martine

 

Mon idéal, mon Graal, ce que je ne peux atteindre, voilà ce qui me motive et me met debout chaque matin ! Au fond de moi, je sais que jamais je n’arriverai à écrire ce roman en entier, à bâtir cette histoire. Comme aux échecs, j’avance le pion mais je sais que la partie est perdue d’avance !

 

En réalité, j’aime ce défi de l’impossible,  j’aime me convaincre du contraire : en bon petit soldat, je m’élance vers l’absolu, sûre de l’échec mais heureuse et lucide. Chaque jour, ainsi, je recommence, confiante ! Je m’installe devant ma table pleine d’espoir.

 

Je connais parfois la joie d’un joli mot et en éprouve un orgueil vivifiant, mais très vite, voilà que s’accumulent des obstacles inouïs : la colère du trou noir, la peur de ne plus rien savoir, de ne pouvoir transmettre…

 

Lucide, je me moque de moi-même  et vole au secours de la petite fille que je suis redevenue et tout me parait clair et limpide :

 

« Retourne à ta table de travail, Flaubert, me dis-je sarcastique, tu ne fais que connaître les tourments de l’écrivain » ! sic….

Maïthé

Peut-on décrire un monde idéal

Sur le sujet j’avance dans le noir tel un aveugle. Je m’élance donc pour exposer mes arguments et mes idées.

Le monde idéal, s’il existe et si on peut l’écrire, est très personnel. A chacun le sien en fonction de son histoire, son vécu et sa situation. Sa dimension inatteignable permet de penser que nous pouvons encore avancer et espérer qu’il y a toujours mieux à faire. Cependant le parcours n’est pas sans embuches ou difficultés. Mais, malgré tout, il paraît que la vie est un long fleuve tranquille qu’il faut pourtant savoir traverser.

Le monde idéal est du domaine de l’inachevé. C’est une source d’ouverture sur un avenir riche d’actions, de communications, d’échanges et de découvertes. Sans illusion sur ces propos, je vole au-dessus de la réalité avec un certain amusement, j’imagine le parcours,  et il me reste encore beaucoup à faire pour passer dans ce monde inconnu voire irréel.

Monique

Oh la la, ma tête ! Des marteaux-piqueurs s'en donnent à cœur joie. Il faut dire qu'hier soir, nous avons arrosé nos retrouvailles entre copines, après quelques mois sans se voir. Et Marion nous a apporté de la vodka !


Nous voilà reparties dans nos délires absolus, nos affirmations extrêmes et nos discussions jusqu'à pas d'heure...

- J'avance malgré les obstacles qui peuvent venir de l'extérieur, mais qui parfois sont issus de mes contradictions.

- Et toi, tu l'as trouvé, l'homme idéal ? Celui pour qui tu t'engagerais totalement ?

- J'ai souvent rêvé que je l'ai rencontré : je m'élance vers lui, je cours à sa rencontre, je le serre enfin contre moi !


Mais contrairement à ce qu'on croit, la réalité est bien différente. Un tel personnage n'existe pas, ou bien il est hors de portée. Les obligations de la vie quotidienne sont incompatibles avec la perfection d'une relation sublimée. Même si je vole au dessus des contingences matérielles, le temps qui passe n'arrange pas les choses. Ce n'est que dans les romans que les histoires d'amour semblent être le but ultime des personnages. Et tout cet univers semble plus vrai que la pâle réalité du quotidien.

 

Les méandres mystérieux de nos discussions nocturnes se dissolvent dans ma mémoire malmenée par l'alcool.

Myriam

Pour avoir des idées positives, j’avance au hasard la recette suivante :

 

Faites confiance à une personne entièrement vraie et sincère, qui pourrait s’élancer pour vous défendre dans des cas même extrêmes, allant jusqu’à partager avec vous un idéal de perfection, un total engagement. Mais vous devez être sûre de pouvoir rendre la pareille, être prête à voler à son secours en cas de besoin, ainsi votre amitié pourra durer à l’infini.

Et enfin, quand vous serez certaine de l’avoir trouvée, annoncez-moi la bonne nouvelle, nous fêterons ensemble l’événement autour d’une bonne bouteille de vodka !

 

                                                                                                Renée



Patchwork


Consigne ( 2 octobre 2014) : chacune de nous donne sur un papier un mot, une expression, ou une phrase. Toutes les 2mn, Frédérique nous en lit un à intégrer dans notre texte, sans que nous cessions d'écrire. Voici la liste qui nous a été révélée au fur et à mesure :

Le lever du jour, un enfant, ceux qui se ressemblent s’assemblent,  Il fait bon vivre,  feuillage d’automne,  écrire est mon plaisir,  le zèbre ricana vivement, coquelicot, hurler au loup, azur zébré, aujourd’hui je n’ai pas entendu mon réveil sonner, bonheur, circonvolution,  famille,  harmonie, curiosité, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Voici nos textes...


Le lever du jour est le moment de la journée que j’apprécie le plus. Entendre les oiseaux gazouiller, sentir les odeurs de rosée, voir le soleil se lever et prendre ses couleurs. Le lever du jour hivernal est aussi un instant bien agréable lorsqu’un enfant rejoint son école à pied, son petit cartable sur ses épaules. Il a parfois un air pensif, parfois studieux, et même un peu grognon. Mais tous ont souvent le même regard car ceux qui se ressemblent s’assemblent, les voilà tous partis pour une journée d’école. Avec un regard espiègle, le plaisir de retrouver les copains.

 

Il fait bon vivre ces matins lorsque l’odeur du café chaud remonte l’escalier jusqu’à nos narines. On aperçoit le feuillage d’automne et ses couleurs si caractéristiques : le marron dominant assorti d’orange, de rouge parfois, de mordoré, de jaune. C’est à ce moment que écrire est mon plaisir : prendre mon stylo plume et le laisser glisser sur la feuille blanche et lisse. Mes idées jaillissent et tout à coup… le zèbre ricana vivement ! Tiens, les enfants sont levés et regardent un dessin animé. Plus tard dans la matinée, ils iront dehors pour fouler les feuilles d’automne tombées au sol.

 

Pourquoi je pense tout à coup aux coquelicots ? C’est étrange car c’est une fleur que je n’aime pas trop. Cependant j’aime la couleur rouge.

 

Mais ma pensée s’éloigne de nouveau, elle est distraite par les enfants qui sont en train de hurler au loup : jouent-ils ? Se chamaillent-ils ?

 

J’aime le soleil qui réchauffe ces petits matins frileux. Il donne des tons harmonieux à la nature et éclaire notre partie de planète. L’azur zébré se reflète dans l’eau du lac et se mêle aux reflets du soleil et des branches nues.

 

Aujourd’hui je n’ai pas entendu mon réveil sonner… évidemment c’est dimanche ! Mon cher et tendre s’est discrètement levé pour nous rapporter des croissants et de la baguette fraîche. Quel bonheur ! J’imagine déjà ce petit déjeuner dominical automnal.

 

« Circonvolution, maman ça veut dire quoi ? » Mais pourquoi une telle question dès le matin ? Je bougonne et me tourne vers mon oreiller. La famille attendra que je sois totalement éveillée et que je termine ce rêve étrange. Je m’occuperai d’eux plus tard.

 

L’harmonie règne entre nous mais il ne faut pas user de ce bien-être. Est-ce une curiosité de constater l’entente qui règne entre nous ? Certains le pensent, d’autres l’espèrent. Cette harmonie familiale est fragile car la vie n’est pas un long fleuve tranquille, ne l’oublions jamais.

Martine

 


Carnet de bord

Lundi, 3 août


Le lever du jour s’est fait depuis longtemps, car je suis près du pôle nord. J’ai du mal à dormir dans cette lumière intense et quasi-constante. Des enfants du village eskimo jouent dehors, lançant des boules de neige sur mes chiens de traineaux, fatigués après notre long parcours de la veille, mais joueurs eux aussi. Eh oui, ceux qui se ressemblent s’assemblent. Mais au bout d’un moment les chiens commencent à s’énerver et à montrer les dents. Je soupire en me disant que, bien que d’ordinaire il fait bon vivre, aujourd’hui ce n’est pas le cas. Il est à peine 4 heures du matin. Et j’ai une longue route à faire, loin du feuillage d’automne de mon pays d’origine. Je suis bien loin en effet de chez moi, au moins 5.000  km, en pleine expédition scientifique. J’ai mal aux pieds, mal au dos, mal partout. Cela me change de mon bureau à l’université. Là-bas, écrire est mon plaisir, mais à présent j’ai à peine le temps de noter quelques bribes de phrases à la hâte, nécessaires pour me rappeler les détails du voyage pour faire mon rapport si attendu à la fin.

 

Mercredi, 5 août

 

Quelque part, à l’autre bout du monde, les zèbres ricanent vivement dans leur savane, mais moi je ne rigole pas. La neige tombe furieusement, empêchant mon départ, et je ne m’attends pas à voir pousser des coquelicots à travers ce manteau blanc. Soudain, j’entends hurler au loup les enfants, qui sont à nouveau en train d’embêter mes chiens, car une meute de loups s’est approchée d’un peu trop très. J’aime le soleil omniprésent maintenant, du moins je l’apprécie car il me permet de voir les loups qui nous menacent. L’azur zébré du ciel me rappelle les zèbres dans la savane, mais il vaudrait mieux que je m’occupe de chasser les loups. J’attrape mon fusil et sors de ma tente.

 

Samedi, 8 août

 

Décidément, aujourd’hui, je n’ai pas entendu mon réveil sonner, car je n’ai pas passé beaucoup de temps dans mon lit, ou plutôt dans mon sac de couchage. D’ailleurs, je n’ai pas amené de réveil moderne, cela se fait tout seul avec le soleil, les enfants, les loups…et quoi d’autre ? Une grande circonvolution se déchaine dans ma tête et je flageole sur mes guiboles.

Je ne suis pas sûre que ma famille actuelle, c’est-à-dire mes chiens, puissent me venir en aide. J’entends à nouveau les hurlements de loups tout proches et je tire un coup en l’air pour les faire déguerpir.

 

Lundi, 11 août

 

Je suis enfin en harmonie avec la nature. Ma curiosité est en éveil, même si mon corps est épuisé par ce voyage (ainsi que ma main, à force de vous raconter tous ces évènements extraordinaires), et j’attends le fin mot de l’histoire, qui est tiré au sort : la vie n’est pas un long fleuve tranquille ! (ouf !!)

Martha

 

 

Le lever du jour arrive et je vois le soleil rosir sur la mer, calme et bleue en ce jour de fin d’été. Je sors me balader près de la plage où les joggeurs s’entretiennent. Un enfant joue avec un cerf volant en forme d’aigle, je le vois grimper très haut, il fait de grandes circonvolutions. Son père est près de lui et l’encourage à coup de grands éclats de rire. Ceux qui se ressemblent, s’assemblent, la joie est communicative, je me sens heureuse près d’eux. Il fait bon vivre en cet instant, j’en oublie mes préoccupations quotidiennes et ma nervosité habituelle. Les feuillages d’automne ne sont pas encore d’actualité, l’été semble ici éternel, rien ne le chasse.

 

Ecrire est mon plaisir, je vais dès ce soir coucher sur le papier toutes les sensations ressenties, toutes les émotions partagées.

 

Le livre que j’ai emporté sur la plage porte un drôle de titre : « le zèbre ricana vivement ». Je croyais avoir pris un roman policier, mais j’ai fait erreur… Le dernier livre lu était : « les coquelicots sont fragiles, ils meurent tout comme nous ». Je l’avais adoré et j’espère que l’auteur saura m’enchanter comme dans son premier roman. Les critiques avaient sans raison hurlé aux loups, sans comprendre, sans partager la fantaisie de l’auteur

 

Pour en revenir à cette journée, j’aime le soleil, il me rend heureuse, même si je ne m’expose jamais à ses rayons brulants. L’azur zébré du ciel par les hauts nuages épars ajoute à la beauté du moment.

Aujourd’hui, je n’ai pas entendu mon réveil sonner,je n’en avais pas besoin, le jour se lève tôt et je ne mets pas de voilages à mes fenêtres. J’aime vivre au rythme de la nature. Pour moi, ce sont de vrais moments de bonheur que je ne veux pas manquer.

 

Le manège est ouvert, les familles approchent à la grande joie des tout petits, pressés de monter sur le cheval de bois ou l’hélicoptère bleu.

 

C’est une curiosité de ressentir l’harmonie de cette journée. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais ce jour est une exception.

Michèle

Le lever du jour est un sport répétitif, plus ou moins digeste selon la saison. Pour moi, qui n'aime pas le sport, il est rare que je le pratique. Depuis toute enfant, j'avais hâte de retrouver mon lit douillet si par hasard je m'étais levée à une heure aussi indue. Mais si vous  pensez que ceux qui se ressemblent s'assemblent, ou ceux qui se ressemblent vivent ensemble, ce n'est pas le cas avec mon mari : il a plutôt tendance à se lever avant l'aube, et donc se couche tôt.

 

Pour moi, il fait bon vivre le soir tard, très tard, et j'aime la nuit calme et profonde. Comme le feuillage d'automne aux couleurs variées et chaudes précède l'hiver noir et blanc, les tons crépusculaires annoncent la nuit étoilée ...

Ecrire est mon plaisir au cœur des ténèbres, surtout parce que le monde autour de moi est calme. Et il fait toujours clair quelque part !

 

Ainsi on peut penser qu'à l'autre bout du monde, en Amérique du Sud ou en Australie, le zèbre ricana vivement en plein soleil, tandis que moi je grattais mon stylo sur le papier, avec une encre rouge coquelicot pour changer.

 

Une envie de Barbapapa est plus difficile à assouvir en pleine nuit à Saint-Rémy-lès-Chevreuse que près d'une fête foraine ou dans un parc d'attractions. C'est donc plus facile de suivre un régime, même en hurlant au loup de frustration !

 

Le zèbre ricane encore une fois, nostalgiquement cette fois-ci.

 

Malgré mes réveils nocturnes, j'aime le soleil toutefois, et toutes les fois que nous pouvons en profiter. Même si je reste à l'ombre, l'ombre n'est-elle pas plus profonde les jours de soleil ? Un, deux, trois, soleil ! Dans l'azur zébré - pour une marelle dans les prés gonflés. Aspirons l'air vif tant que nous le pouvons.

 

Aujourd'hui, je n'ai pas entendu mon réveil sonner et je n'ai donc pas fait de sport - triste champignon - mais le soleil est venu malgré tout, ce qui suffit à mon bonheur pour la journée ...

 

Bonheur d'écrire et de délirer en toute sécurité, de déambuler dans les circonvolutions inédites de nos mots tirés au sort. Nous formons une grande famille de pensées, avec ses arrières petits-neveux et cousins éloignés, nous réunissant pour un grand festin certains jeudis après-midi dans l'harmonie de nos différences exprimées, accueillies avec bienveillance, et dans la bonne humeur !

 

C'est avec curiosité que j'attends d'entendre - puis de lire - les délires des autres. Avec curiosité, appétit et gourmandise, nous tricotons nos histoires, nous déroulons nos phrases, dans un rythme effréné car la vie n'est pas un long fleuve tranquille !

Myriam

Le lever du jour est vraiment trop tard en hiver et contredit mon éveil et ma lucidité. Mais je dois être prête pour m’occuper de l’enfant qu’il faut préparer doucement avant de le conduire à l’école. La plupart des parents qui travaillent en est là. Dans un programme commun, ceux qui se ressemblent s’assemblent et se retrouvent à la même heure devant les portes de l’école.

 

 

Heureusement dans cet espace il fait bon vivre, l’atmosphère est détendue. Dehors le jardin est resplendissant, le feuillage d’automne apporte une note chaleureuse dont le rouge flamboyant illumine les arbres. Ce paysage est un appel et me donne envie de partager cet élan en m’exerçant à mon activité favorite, l’écriture : écrire est mon plaisir.

 

 

Pour faire patienter les enfants, la maîtresse passe une vidéo sur les animaux. Le zèbre ricana vivement devant le parterre de fleurs enrichi en coquelicots qui ne lui étaient pas familiers et qui vibraient doucement sous son hennissement. L’image suivante présente le berger et sa chèvre à laquelle il raconte l’histoire de M. Seguin. Il lui explique le sens de « hurler au loup » et la chèvre répondit « je veux rester dehors, j’aime le soleil ».

 

 

Le soleil est maintenant bien apparent et apporte au ciel cet azur zébré particulier à cette saison. Cette image me détend après un début de matinée stressant et un lever tardif aujourd’hui car je n’ai pas entendu mon réveil sonner. Ce n’est pas vraiment le bonheur, mais ça s’en approche progressivement, une fois que toutes les circonvolutions de mes idées se seront mises en ordre.

 

Difficile dans un monde agité de conserver une vie de famille sereine et décontractée qui permette de mettre en harmonie sa vie professionnelle et personnelle. Heureusement que la curiosité, clé de mon métier, m’aide à dominer ces sentiments complexes.

 

 

Ce résumé d’un petit instant de vie témoigne que la vie n’est pas un long fleuve tranquille.

 

                                                                                                                                                                          Monique

Enfin le lever du jour arrive ; depuis combien de temps suis-je éveillée ? Je ne me rends pas compte de l’heure et je suis trop bien sous la couette pour attraper ma montre. Ah ! Les lampadaires de la place s’éteignent, il ne doit pas être loin de huit heures.

 

Dehors un enfant pleure, il a été réveillé trop tôt et il n’aime pas le centre de loisirs. Les portières des voitures claquent, puis le calme revient. Peut-être vais-je me rendormir ? manque de chance, ceux qui se ressemblent s’assemblent, c’est maintenant un groupe d’enfants bruyants qui traverse la place à vélo en klaxonnant et en riant ! Il fait bon vivre dans l’insouciance à leur âge.

 

Le feuillage d’automne craque sous les pneus, j’imagine la scène et je me lève en abandonnant l’idée de me recoucher.

 

Ecrire est mon plaisir et je vais profiter du silence qui règne maintenant pour prendre mon bloc et coucher sur le papier les rêves de cette nuit avant de les oublier.

 

Oui, je me souviens : un zèbre ricanait  vivement, c’était dans un champ de blé parsemé de coquelicots. J’entendais nettement un chien hurler au loup, j’avais un mal fou à traverser cette étendue aux tons chatoyants d’azur zébré.

 

C’est la peur de rencontrer le chien qui a dû me réveiller car je n’ai pas entendu le réveil sonner. Voyons, il est temps de préparer la table pour le petit déjeuner : céréales, yaourts, confitures : un pur bonheur ! Le café, bien sûr, dont l’arôme va venir chatouiller les papilles de mon cher mari et le réveiller !

 

J’ouvre la radio pour écouter les nouvelles, encore des catastrophes ? Qui est cet invité qui parle de circonvolution ? C’est un mot trop mystérieux pour moi, quel rapport avec la famille ? Le journaliste parle d’harmonie, je crois que je vais m’arrêter sur ce joli mot et ne pas pousser la curiosité plus loin. Je ferme le poste. La vie n’est pas un long fleuve tranquille.

 

Je préfère les mots aux maux, je vais vite me préparer pour aller rejoindre mes amies de l’atelier  d’écriture afin de me décontracter en jouant avec les mots dans la bonne humeur et la convivialité !

                                                                                                            Renée