Le mendiant à domicile

 

 Consigne 1 : 

Décrivez ce personnage en détail, sans parler de ce qu'il fait.

(15 minutes)

 

 Quelques titres possibles :

- Le mendiant à domicile

- Le mendiant prodige

- L'invité à la porte

- Le quêteur de nombrils et de noyaux de pêche

- L'enquêteur au pied de biche

- L'enquêteur aux pieds de biche 

 

 Consigne 2 : 

A partir de l'image, dessin d'Honoré Daumier (1808-1879) inventez une histoire avec ce personnage, en y incorporant (au début ou ailleurs) votre description.

(25/30 minutes)

 

 


Retour à la rue Lepic

 

Au 3ème étage de l'immeuble de la rue Lepic, l'homme frappe à la porte 309. C'est un homme assez maigre qui ne semble pas très sûr de lui. Il est habillé d'une redingote, sombre, à col noir et d'un pantalon fuseau, ses chaussures noires elles-aussi sont plates et pointues.

Il a enlevé son chapeau, sorte de haut-de-forme un peu gondolé, qui fût peut-être blanc, et le tient de la main droite derrière son dos. Il doit être gaucher car il frappe à la porte de sa main gauche gantée. Ses cheveux foncés sont plaqués sur le crâne et couvrent ses oreilles, cependant, le haut de son front est dégarni. Son visage n'est pas des plus beaux, il a un long nez, arrondi à son extrémité, et une bouche fuyante avec le menton non saillant.

Il est dans l'expectative ! On voit son œil droit grand ouvert vers la droite, le sourcil en accent circonflexe. Il n'ose pas regarder la porte sur laquelle il frappe. Peut-être craint-il un refus direct ? Peut-être aussi veut-il savoir s'il y a quelqu'un ou non et il tend l'oreille gauche vers la porte pour entendre d'hypothétiques pas ?

Il frappe depuis 5 bonnes minutes quand, tout à coup, la porte s'ouvre sur une jolie jeune fille d'une vingtaine d'années, belle brunette qui semble être sur terre pour rire, chanter, en deux mots pour la joie et le bonheur des autres.

L'homme sur le palier l'intriguant quelque peu, elle lui parle gaiement :

« Bonjour Monsieur, que puis-je faire pour vous ? Je crois bien que je ne vous ai jamais vu dans le quartier ! »

Et l'homme, qui s'appelle Albert, comme nombre d'autres hommes, lui répond :

« Et bien, je dois dire, c'est difficile à expliquer... Je m'appelle Albert...»

Le jeune fille, qui s'appelle Honorine, le coupe alors.

« Je vous en prie, donnez-vous la peine d'entrer ! »

« C'est que je ne sais pas si je suis chez la bonne personne ? »

« Vous m'intriguez et j'aime les mystères ! Entrez ! »

L'homme entre timidement, son chapeau toujours derrière son dos.

« J'allais me faire du thé, vous en prendrez bien une tasse, cher Monsieur Albert ?

« Je ne voudrais pas vous déranger, Mademoiselle. »

« Vous êtes le bienvenu. Asseyez-vous, je reviens dans 2 minutes.

Albert s'assoit du bout des fesses sur un fauteuil un peu décati, il a posé son chapeau sur ses genoux.

Honorine revient avec un plateau sur lequel elle a disposé deux tasses, une théière et quelques gâteaux secs.

« Voilà, Monsieur Albert, mettez-vous à l'aise. Maintenant, pouvez-vous me dire la raison de votre visite impromptue ? J'ai hâte de savoir... »

« Et bien voilà, Mademoiselle, il y a vingt, j'ai aimé une femme, ici même, dans cet appartement. Cela me semble si lointain maintenant... A cette période, j'étais la joie de vivre même. Germaine et moi étions heureux et tout nous souriait. Mais la vie réserve parfois de mauvaises surprises ! Un soir que j'étais en voyage pour mon travail, des voyous m'ont frappé et m'ont laissé pour mort dans une ruelle, après m'avoir tout volé, argent, papiers. Les coups sur la tête m'ont fait perdre la mémoire, je ne savais plus qui j'étais, où j'étais, où j'habitais, j'ai erré longtemps sans argent. J'ai trouvé un refuge et du travail dans un organisme de bienfaisance. J'y ai vécu de nombreuses années avec toujours ce voile sur ma mémoire puis, il y a quelques mois, en effectuant des travaux sur un toit, je suis tombé d'une échelle. Après ce nouveau choc, mes souvenirs sont revenus peu à peu, un par un et l'un des premiers fut celui de Germaine, l'amour de ma vie, puis mon nom, mon adresse, cet immeuble, la porte 309 ! C'est pourquoi je suis là, aujourd'hui ! »

La jeune fille, qui écarquillait les yeux depuis déjà quelques minutes, saute de sa chaise en riant

 

« Papa ! Vous voilà enfin ! crie-t'elle, en embrassant Albert ! Maman s'appelle Germaine et elle me parle très souvent de la disparition soudaine de l'homme qu'elle aimait, Albert, et qui était mon père ! Je m'appelle Honorine et je suis votre fille ! »

Marie-Alice


Apparences trompeuses

 

Ursule frappe à la porte de sa main gauche gantée. Il cache derrière son dos un chapeau haut de forme blanc. Ses cheveux semblent avoir reçu la pluie car ils sont tout plaqués sur sa tête. Il n'est pas très reluisant, Ursule, dans sa pauvre redingote noire avec son chapeau gondolé, mais il a pris  beaucoup de soin à sa présentation et il est bien campé dans ses mocassins vernis un peu fatigués. Qui va m'ouvrir? Semble-t-il se demander, l'œil inquisiteur. 

 

- C'est  bien le troisième étage de l'immeuble de la Rue Lepic ?  

 

L'homme frappe  à la porte 309 depuis cinq bonnes minutes. Tout-à-coup, elle s'ouvre avec fracas. Ursule  sursaute  en voyant apparaître un énergumène déguisé en clown! Celui-ci est  aussi étonné que lui, il s'exclame :

 

- Mais mon brave homme, que faites-vous ici, sur ce paillasson ? Je suis pressé, je dois me rendre à Médrano, pour le spectacle. Les enfants m'attendent, laissez-moi passer ! 

 

Ursule ne perd pas son sang froid, il lui rétorque sèchement :

 

-Voilà cinq minutes que je sonne à votre porte pour vous annoncer ma présence. Ma calèche est en bas, comme convenu, les chevaux doivent s'impatienter. Jai été retenu pour vous emmener au cirque, la course est réglée.

 

- Ah, ah ! C’est une plaisanterie, dit le clown.

 

- Je ne rigole pas,  moi, pas de temps à perdre, j'ai  d'autres courses à faire, ma soirée n'est pas finie.  

 

Le clown,  interloqué,  change de comportement, met  la main à sa poche pour en sortir quelques sous. 

 

- Je ne suis pas un mendiant à domicile ! Venez.

 

Les deux hommes dévalent les trois étages à toute allure !  Vite cocher !

Renée


Le mendiant à domicile


Au 3ème étage de l’immeuble de la rue Lepic, l’homme frappait à la porte 309 depuis cinq bonnes minutes, quand tout à coup M. Duteil-Lemur, agacé, ouvrit la porte violemment. Ernest Babin se présenta à lui précisant qu’il se mettait à sa disposition pour effectuer quelques courses dans Paris ou autres petits travaux dans l’immeuble. 

 

Ernest Babin était un homme grand, maigre et sec. Toute trace de sourire avait disparu depuis longtemps sur son visage émacié, ses traits reflétaient la tristesse, sa peau était pâle, des rides profondes de lassitude et un rasage ancien et hasardeux lui donnaient un aspect misérable, accentué par des cheveux noirs, mal coupés et sales. Bien qu’il tente de se tenir droit, sa tête tombait sur sa poitrine, ses grands yeux timides n’osaient regarder M. Duteil-Lemur en face. Tout laissait penser que des temps meilleurs avaient précédé sa pauvreté actuelle : sa redingote d’un beau drap et d’une coupe impeccable était maintenant usée et décolorée, son pantalon à fines rayures était tâché de boue, son haut de forme était ramolli et ses chaussures étaient éculées et déformées.

 

M. Duteil-Lemur resta muet de stupéfaction en découvrant l’aspect de ce mendiant, et en réalisant que Ernest Babin était ce personnage miséreux, debout devant sa porte, quémandant du travail, et méconnaissable aux yeux de ceux qui l’avaient connu quelques années auparavant. Car Ernest Babin n’était autre que le riche docteur de Clermont-Ferrand, chez qui tous les habitants de la ville se pressaient pour trouver remède à leurs maux. Le moment de stupéfaction atténué, M. Duteil-Lemur pressa le docteur Babin de pénétrer dans son appartement cossu, abondamment meublé et précieusement décoré. Car M. Duteil-Lemur n’oublierait jamais cet instant si émouvant lorsque 20 ans plutôt, ce docteur lui présenta son fils premier-né, après avoir passé des heures auprès de Mme Duteil-Lemur dont l’accouchement se présentait délicat pour elle et son bébé. Le docteur Ernest Babin avait miraculeusement sauvé la vie de son épouse et de son enfant.

 

Par pudeur M. Duteil-Lemur n’osa rappeler cet évènement à Ernest Babin, pas plus qu’il n’osa lui demander comment de docteur émérite, il était devenu ce mendiant. Il l’invita très simplement à se présenter dès le lendemain pour occuper le petit appartement resté vacant au 4ème étage et effectuer ces petits services qu’il proposait aux habitants de l’immeuble. En le raccompagnant à la porte, il lui serra fermement la main en glissant astucieusement un billet qu’il avait discrètement sorti de sa poche. En descendant, Ernest Babin découvrit la somme de ce précieux billet : la rencontre avec cet « inconnu » allait probablement changer sa misérable existence.

Martine



L'enquêteur au pied de biche

 

Ce personnage est maigre, très maigre. Il est habillé décemment : manteau court, de couleur foncée, peut-être pas du dernier chic, un peu fripé, mais correct. Le chapeau est un peu cabossé, mais il est là ! Tenu dans le dos, discret.

Seul l'état de la coiffure laisse deviner une certaine gêne : cheveux non taillés, tombant sur le cou et les côtés du visage. Barbe naissante. L'expression du visage est assez éloquente : l'homme est timide, inquiet, comme s'il se demandait si on allait lui ouvrir. Il frappe à la porte d'une manière très légère, sans violence aucune. On le sent très mal à l'aise.

Il frappe avec une main gantée, ce qui laisse supposer qu'il a eu de l'éducation, ou en tout cas veut le laisser croire. Mais je ne crois pas qu'il soit un "migrant" !

 

Au 3ème étage de l'immeuble de la rue Lepic, l'homme frappait à la porte 309 depuis cinq bonnes minutes quand tout à coup ... un tumulte épouvantable se fit entendre du bas de l'immeuble voisin. C'était le boucher-charcutier qui courait en tous sens et hurlait qu'on lui avait volé tous les saucissons et pâtés qui étaient exposés sur l'étalage pendant qu'il était allé chercher une pièce de viande de bœuf dans la chambre froide. Il accusait la concierge de l'immeuble en face qu'il prétendait avoir aperçue plusieurs fois rôder autour de sa boutique.

La femme protestait avec véhémence et jurait à grands cris qu'elle n'y était pour rien, invitant le boucher à venir voir sa loge. Il y eut très vite un attroupement et deux camps se formèrent : l'un soutenant le boucher, l'autre la concierge.

Notre homme (l'enquêteur), entendant ce raffut, rit sous cape, mais, ayant à ses pieds une grosse mallette, jugea plus prudent de s'esquiver discrètement. Il remonta la rue des Abbesses jusqu'à la station de métro où il avait garé son triporteur et décida d'aller tenter sa chance ailleurs. Avant de s'en aller, il alla s'asseoir dans un coin discret du jardin à côté du Sacré-Cœur et regarda le contenu de sa mallette : bijoux divers, sous-vêtements de femme affriolants, pièces d'or, et ... saucissons et pâtés. Malgré l'incident de la rue Lepic, il avait quand même fait une bonne journée et allait pouvoir se régaler le soir avec ses amis.

Sabine


Le retour du quêteur aux pieds de biche


C'est un homme fluet jusqu'à la maigreur, vêtu d'une redingote froissée, d'un pantalon serré accroché sous ses chaussures lustrées.Il tient un chapeau haut-de-forme un peu avachi dans sa main droite.

Une tête qui semble lourde est perchée en déséquilibre sur un cou fatigué. IL n'est pas jeune, entre deux âges, mais le visage marqué, comme flétri par des pensées soucieuses. Le menton fuyant, mal rasé, le cheveu ni court, ni long, pas coiffé. L'œil inquiet, il semble regarder la vie par en dessous, cerné de tous bords. Son front est plissé et sa bouche désabusée.

 

Un fracas de meuble et de vaisselle cassées retentit dans l'appartement, juste quand il se décidait à frapper à la porte de l'appartement 309. Des vociférations véhémentes suivirent, mêlées à des éclats de rire furieux. La poignée tourna, et la porte s'ouvrit sur un appartement qui semblait mis à sac ! Une table écroulée au milieu de la pièce déversait autour d'elle des morceaux de porcelaine cassée, mêlés à des restes de nourriture, des livres éparpillés et des fleurs dégoulinantes ...

 

Une femme, dans sa maturité, replète et vêtue d'une robe d'intérieur en pilou violet, et d'un châle tricoté avec des restes de pelotes de laines multicolores, se lamentait en se prenant la tête entre les mains.

- Oh la la ! Quelle catastrophe ! Comment as-tu pu faire cela, vilain Minou !

En face d'elle, un énorme matou roux s'était pelotonné en haut du buffet, le regard imperturbable et impénétrable fixant le nouvel arrivant éberlué. Pour compléter la scène, un jeune enfant se tordait de rire sur le vieux fauteuil qui avait échappé au désastre.

- Oh Bonne-Maman, ce chat est un champion ! Tu as vu le bond qu'il a fait ? Oh, et vous monsieur, que votre tête me fait rire aussi : on dirait un poisson hors de l'eau. Méfiez-vous du chat, et fermez la porte !

 

- Hem, bonjour... Je m'appelle Isidore Tricotin. Je rentre d'un long voyage en Russie, et je suis à la recherche de la famille qui me reste à Paris. On m'a dit que mon oncle Eustache était décédé il y a un an mais que sa veuve, Appoline avait recueilli chez elle ma fiancée, Eugénie Mirliton. Je suis parti il y a sept ans déjà, car nous étions trop pauvres pour nous installer et que je voulais lui offrir une vie agréable. Mon vœu le plus cher était de fonder une famille. J'ai cherché fortune en Russie, mais la révolution a contrecarré mes projets : j'ai été envoyé six ans en Sibérie ... Le hasard m'a permis de rentrer, et je suis à la recherche d'Eugénie depuis deux mois déjà...

- Mon cher Isidore, je ne t'avais pas reconnu ! Eugénie ne va pas tarder à rentrer, elle vit bien ici ! Et je te présente Gustave, qui a un peu plus de six ans. Il était temps que tu rentres pour régulariser cette situation !


Avec stupeur, Isidore et Gustave se dévisagèrent ... Et pour la première fois depuis des années, un sourire se forma sur le visage de l'homme qui en avait vu de toutes les couleurs - mais surtout des sombres. Enfin sa quête se terminait !

Myriam